Matrices diagonales
L'
ensemble des
matrices diagonales de même taille
n ∈ N∗
est stable par addition et par produit matriciel. Si
A
= Diag(λ1, … , λn)
et
B
= Diag(μ1, … , μn)
alors pour tout
p ∈ N,
-
A + B
= Diag(λ1 + μ1, … , λn + μn)
-
A × B
= Diag(λ1 × μ1, … , λn × μn)
-
Ap
= Diag(λ1p, … , λnp)
En particulier, toutes les matrices diagonales commutent.
Endomorphisme
Soit E un espace vectoriel de dimension finie.
Un endomorphisme
φ ∈ L(E) est diagonalisable si et seulement s’il existe une
base de
E qui soient constituée de
vecteurs propres pour
φ.
L’endomorphisme
φ est diagonalisable si et seulement s’il existe une base
ℬ = (x1, … , xn)
de
E et une famille
(λ1, … , λn) de réels tels que
la matrice représentative de
φ dans la base
ℬ soit
Diag(λ1, … , λn)
c’est-à-dire que pour tout
i ∈ ⟦1 ; n⟧
on ait
φ(xi) = λi·xi.
Pour tout φ ∈ L(E),
si card(Sp(φ)) = dim(E)
alors φ est diagonalisable.
On note
n = dim(E).
Si
Sp(φ) = {λ1, … , λn} avec pour tout
i ≠ j,
λi ≠ λj,
alors en notant
(x1, … , xn) une famille de vecteurs propres associés,
la famille est libre avec
n vecteurs dans un espace vectoriel de dimension
n donc c’est une base de vecteurs propres.
Soit
φ ∈ L(E).
Si φ est diagonalisable, alors il existe une base de E constituée de vecteurs propres pour φ, mais ces vecteurs appartiennent tous à la somme des espaces propres, donc celle-ci engendre E.
Réciproquement, si E est la somme des espaces propres, comme ceux-ci sont en somme directe, la concaténation de bases des espaces propres (constituées de vecteurs non nuls donc de vecteurs propres) donne une base de E.
Un endomorphisme de E est diagonalisable si et seulement si la somme des dimensions de ses espaces propres est égale à la dimension de E.
Comme l’espace E est de dimension finie, il est égal à la somme des espaces propres si et seulement s’ils ont la même dimension, et comme les espaces propres sont en somme directe,
la somme des dimensions des espaces propres est égale à la dimension de la somme.
Toute puissance d’un endomorphisme diagonalisable est diagonalisable dans la même base.
Si un endomorphisme φ est représenté par une matrice D diagonale, alors pour tout k ∈ N∗,
la puissance φk
est représentée par Dk qui est diagonale aussi.
Matrice
Une matrice est dite
diagonalisable si elle est
semblable à une matrice diagonale.
En particulier, toute matrice diagonale est diagonalisable.
Une matrice
A ∈ ℳn(R)
est diagonalisable si et seulement si son
application associée est diagonalisable, c’est-à-dire si l’un des critères équivalents ci-dessous est vérifié.
- Il existe une base de Rn
constituée de vecteurs propres pour A.
- La somme des espaces propres de A engendre Rn.
- La somme des dimensions des espaces propres de A vaut n.
On montre l’équivalence par double implication.
Toutes les matrices représentatives de l’application associée étant semblables, si l’une d’elle est diagonale, la matrice A est diagonalisable.
Réciproquement, si A est diagonalisable, il existe une matrice diagonale D et une matrice inversible P telles que D = P−1AP donc en notant ℬ la base de Rn
définie par les vecteurs colonnes de P,
la matrice D représente l’application associée à A dans la base ℬ,
donc l’application associée est diagonalisable.
Tous les critères équivalents ont été démontrés dans la partie précédente.
Une matrice de A ∈ ℳn(R) admettant n valeurs propres distinctes est diagonalisable.
Si la matrice admet n valeurs propres deux à deux distinctes, alors l’application associée aussi, donc elle est diagonalisable et la matrice aussi.
La réciproque est fausse : la matrice identité n’a qu’une seule valeur propre mais elle est diagonalisable car diagonale.
Une matrice est diagonalisable si et seulement si
sa transposée est diagonalisable.
Soit
A une matrice diagonalisable.
Il existe une matrice diagonale D
et une matrice inversible P telles que
P−1AP = D,
donc PTAT(P−1)T
= DT = D
avec ((P−1)T)−1
= PT,
donc AT est diagonalisable.
La réciproque s’en déduit du fait que chaque matrice est la transposée de sa transposée.
Deux matrices diagonalisables sont semblables si et seulement si elles ont le même spectre et si les espaces propres associés à une même valeur propre ont la même dimension.
L’implication directe est
déjà démontrée.
Soit A et B deux matrices diagonalisables avec le même spectre et les mêmes dimensions d’espaces propres. Il existe deux matrices diagonales
D et Δ
telles que A soit semblable à D et B soit semblable à Δ. Mais chaque valeur propre apparait autant de fois sur la diagonale de D et de Δ que la dimension commune du sous-espace propre associé. Les deux matrices diagonales ont donc les mêmes coefficients diagonaux dans un ordre éventuellement différent et sont donc semblables (à l’aide de matrices de permutation).
Par transitivité, on obtient que A est semblable à B.