Entre espaces de vecteurs à composantes réelles
On note L(Rm, Rn) l’ensemble des applications linéaires de Rm vers Rn.
- L’application (x, y, z) ↦ (2x + y − 3z, −x + 5z) est une application linéaire de R3 vers R2.
- Les applications d’identité u ↦ u sont linéaires sur chaque espace Rn.
- Pour tout (m, n) ∈ (N∗)2, l’application nulle de Rm vers Rn est linéaire.
- Pour tout n ∈ N∗, pour tout i ∈ ⟦1 ; n⟧, la projection (x1, … , xn) ↦ xi est linéaire.
Généralisation
La matrice représentative canonique d’une application linéaire φ ∈ L(Rm, Rn) est la matrice M = (mi,j)1≤i≤n, 1≤j≤m définie par la relation φ(ej) = (m1,j, m2,j, … , mn,j).
- L’application linéaire (x, y, z) ↦ (2x + y − 3z, −x + 5z) est représentée par la matrice [[2 ;1 ;−3 ;]][−1 ;0 ;5 ;]].
- Les applications d’identité sont représentées canoniquement par les matrices identité.
- Les applications nulles sont représentées canoniquement par les matrices nulles.
- Les projections sont représentées par les matrices lignes élémentaires [[0 ;… ;0 ;1 ;0 ;… ;0 ;]].
Dans tout ce cours, on considère deux entiers naturels non nuls m et n, un sous-espace vectoriel E de Rm et un sous-espace vectoriel F de Rn, mais les résultats restent valables si E et F sont des espaces vectoriels de dimension finie.
On note L(E, F) l’ensemble des applications linéaires de E vers F.
- L’application (x, y, z) ↦ (2x + y − 3z, −x + 5z) est une application linéaire de R3 vers R2.
- Les applications d’identité u ↦ u sont linéaires sur chaque espace Rn.
- Pour tout (m, n) ∈ (N∗)2, l’application nulle de Rm vers Rn est linéaire.
- Pour tout n ∈ N∗, pour tout i ∈ ⟦1 ; n⟧, la projection (x1, … , xn) ↦ xi est linéaire.
Si φ est injective, alors pour tout x ∈ Ker(φ) on a φ(x) = 0 = φ(0) donc par injectivité on trouve x = 0.
Réciproquement, si Ker(φ) = {0} alors pour tout (x, x′) ∈ E2 tel que φ(x) = φ(x′) on a φ(x − x′) = φ(x) − φ(x′) = 0 donc x − x′ ∈ Ker(φ) donc x − x′ = 0 donc x = x′. Donc φ est injective.
- Image d'une base par une application linéaire
- Si E est muni d'une base (e1, …, ek), soit φ une application linéaire de E vers F. On a les équivalences suivantes.
- L'application φ est injective si et seulement si la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est libre.
- L'application φ est surjective si et seulement si la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est génératrice dans F.
- L'application φ est un isomorphisme si et seulement si la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est une base de F.
- Supposons que l'application φ est injective. Soit (λ1, …, λk) ∈ Rk tel que
∑i=1k
λi.φ(ei) = 0.
Alors on trouve φ(∑i=1k
λi.ei) = 0
donc ∑i=1k
λi.ei = 0
donc pour tout i, λi = 0. Donc la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est libre.
Réciproquement, supposons que la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est libre. Soit x ∈ Ker(φ). Il existe (λ1, …, λk) ∈ Rk tel que x = ∑i=1k λi.ei donc 0 = φ(x) = ∑i=1k λi.φ(ei) donc pour tout i, λi = 0 donc x = 0. Donc φ est injective. - Supposons que l'application φ est surjective.
Soit y ∈ F.
Il existe x ∈ E
tel que φ(x) = y
et il existe (λ1, …, λk) ∈ Rk
tel que x
= ∑i=1k
λi.ei
donc y = φ(x)
= ∑i=1k
λi.φ(ei).
Donc la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est génératrice.
Réciproquement, supposons que la famille (φ(e1), …, φ(ek)) est génératrice dans F. Soit y ∈ F. Il existe (λ1, …, λk) ∈ Rk tel que y = ∑i=1k λi.φ(ei) = φ(∑i=1k λi.ei) ∈ Im(φ). Donc φ est surjective.
Vecteurs et matrices représentatives
Pour tout vecteur x ∈ E, s'écrivant x = ∑i=1n λi ei, on dit que x est représenté par la matrice colonne [[λ1] ⋮ [λn]] dans la base (e1, … , en).
Si (x1, … , xp) est une famille de vecteurs de E, respectivement représentés par les matrices colonnes (X1, … , Xp) la matrice représentative de cette famille est obtenue en accolant ces matrices colonnes dans l'ordre.
Soient ℬ = (e1, … , em)
une base de E
et ℬ′ = (e′1, … , e′n)
une base de F.
La matrice représentative d’une application linéaire φ ∈ L(E, F)
entre les bases ℬ
et ℬ′
est la matrice obtenue en juxtaposant les vecteurs colonnes représentant les vecteurs φ(e1), … , φ(em)
dans la base (e′1, … , e′n).
Autrement dit, il s'agit de la matrice A = (ai, j) ∈ ℳn, m(R),
notée Mℬ,ℬ′(φ),
telle que pour tout j ∈ ⟦1 ; m⟧,
φ(ej)
= ∑i=1n ai, j.e′i.
La composée ψ ∘ φ est représentée par le produit N × M entre les bases ℬ et ℬ″.
Attention, le produit de deux matrices représentatives ne suit pas la relation de Chasles à laquelle on s'attendrait : Mℬ′,ℬ″(ψ) × Mℬ,ℬ′(φ) = Mℬ,ℬ″(ψφ).
Changement de base
Soit E un espace vectoriel muni de deux bases ℬ et ℬ′. La matrice de changement de base ou matrice de passage de la base ℬ à la base ℬ′ est la matrice représentative de la base ℬ′ dans la base ℬ. Autrement dit, il s'agit de la matrice Mℬ′,ℬ(IdE), parfois notée Pℬℬ′.
Cette matrice est facile à calculer lorsque l'on connait les coordonnées de la nouvelle base ℬ′ dans l'ancienne base ℬ et permet de calculer les coordonnées dans l'ancienne base de vecteurs dont on connait les coordonnées dans la nouvelle base.
On note P la matrice de passage de la base ℬ à la base ℬ′. Alors la matrice représentative de φ dans la base ℬ′ s'écrit P−1AP.
Les matrices représentatives d'un même endomorphisme dans différentes bases sont des matrices semblables.