Structure
L'ensemble des vecteurs à n composantes réelles est muni de deux opérations : l'addition composante par composante et la multiplication scalaire.
Les opérations précédentes satisfont plusieurs propriétés qui permettront de définir la structure d'espace vectoriel.
- Structure de groupe abélien
- L’addition des vecteurs est associative et commutative dans Rn, avec le vecteur nul 0 = (0, … , 0) pour neutre, et tout vecteur (x1, … , xn) admet un opposé (−x1, … , −xn).
- Distributivité
- La multiplication scalaire est distributive à gauche par rapport à l'addition des scalaires et distributive à droite par rapport à l'addition des vecteurs.
- Pseudo-associativité et neutre
- Pour tout (λ, μ, x) ∈ R × R × Rn, (λ × μ)·x = λ·(μ·x) et 1·x = x.
Une première conséquence de ces propriétés est la persistance de l’équation de produit nul, qui reste valable dans ce contexte mais ne le sera plus sur l’ensemble des matrices.
- Équation de produit nul
- Soit (λ, x) ∈ R × Rn. On a l'équivalence suivante : λ·x = 0 ⇔ λ = 0 ou x = 0.
Colinéarité et combinaison linéaire
- tout vecteur est colinéaire à lui-même,
- un vecteur u est colinéaire à un vecteur v si et seulement si v est colinéaire à u,
- deux vecteurs colinéaires à un même troisième (non nul) sont colinéaires entre eux.
L’expression des coefficients s’obtient à l’aide d’un système d’équations linéaires avec n lignes (une par composante), dont les inconnues sont les p coefficients. Ce système peut se résoudre à l’aide de la méthode du pivot de Gauss.
Famille libre
Elle est dite liée si elle peut engendrer le vecteur nul avec au moins un coefficient non nul. Dans ce cas, on obtient une relation linéaire entre les vecteurs de la famille.
Sinon, on dit que les vecteurs sont linéairement indépendants ou encore qu'ils forment une famille libre.
Un seul vecteur non nul forme nécessairement une famille libre.
Soit r un entier tel que toute famille échelonnée de r vecteurs soit libre. Soit (x1, … , xr+1) une famille échelonnée et (α1, … , αr+1) ∈ Rr+1 tel que α1x1 + ⋯ + αr+1xr+1 = 0. Au rang du premier coefficient non nul de x1, tous les autres vecteurs ont un coefficient nul donc on trouve α1 = 0. La combinaison linéaire se réduit alors à r lignes échelonnées, donc tous les autres coefficients sont nuls par hypothèse de récurrence. Donc la famille (x1, … , xr+1) est libre.
Finalement, la propriété est vraie par principe de récurrence.
L’équation ∑i=1n ai·xi = 0 d’inconnues a1, … , ap se ramène à un système de n équations à p inconnues, avec une seule solution donc de rang r = p mais r ≤ n donc p ≤ n.
Sous-espace vectoriel
- le vecteur nul appartient à F,
- l’ensemble F est stable par addition de vecteurs et par multiplication scalaires, autrement dit pour tout (λ, x, y) ∈ R × F2, on a x + y ∈ F et λ·x ∈ F.
- L’ensemble {0} constitue un sous-espace vectoriel de Rn appelé sous-espace nul.
- L’ensemble Rn est un sous-espace vectoriel de lui-même.
- L’ensemble des solutions d’un système d’équations linéaires homogène est un sous-espace vectoriel.
Pour démontrer qu’un ensemble de vecteurs constitue un sous-espace vectoriel de Rn, on se contente en général de vérifier le critère suivant.
Soit (λ, u, v) ∈ R × F2. On note u = ∑i=1p ai·xi et v = ∑i=1p bi·xi, d’où λ·u + v = λ·∑i=1p ai·xi + ∑i=1p bi·xi = ∑i=1p (λai + bi)·xi ∈ F.
- Classification des sous-espaces vectoriels de R2
- Les seuls sous-espaces vectoriels de R2 sont le sous-espace nul {0}, les droites vectorielles et l’espace R2.
Si F ≠ {0} alors il existe u ∈ F ∖ {0} donc F contient la droite vectorielle engendrée par u.
Si F contient un vecteur v en dehors de cette droite vectorielle, alors les vecteurs u et v ne sont pas colinéaires donc la famille (u, v) est libre. Pour tout x ∈ R2, la famille (u, v, x) contient 3 vecteurs donc elle n’est pas libre dans F, donc il existe une relation a·u + b·v + c·x = 0, avec (a, b, c) ∈ R3 ∖ {(0, 0, 0)}, mais c ≠ 0 puisque la famille (u, v) est libre, donc x = (−1)(c)·(a·u + b·v) ∈ F. Donc F = R2.
Famille génératrice
On dit que la famille est génératrice de F si F = Vect(x1, … , xp)
Comme l’équation linéaire a1x1 + ⋯ + anxn = 0 est satisfaite pour tous les vecteurs de la famille génératrice ℱ, donc elle est satisfaite pour tous les vecteurs de Rn, et en particulier pour le vecteur (a1, … , an), donc a12 + ⋯ + an2 = 0.
Mais une somme de termes positifs est nulle si et seulement si chacun des termes est nul, ce qui contredit l’hypothèse (a1, … , an) ≠ 0.
Finalement, on a n ≤ p.
Base
- Caractérisation des bases
- Une famille de vecteurs d’un sous-espace vectoriel F est une base de F si et seulement si elle permet d’engendrer n’importe quel vecteur de F de façon unique.
Si (e1, … , ep) est une base de F, alors elle est génératrice donc permet d’engendrer n’importe quel autre vecteur par définition. Soit x ∈ F et deux décompositions
x
= ∑i=1p
ai·ei
= ∑i=1p
bi·ei.
Alors par différence on trouve
∑i=1p
(ai − bi)·ei = 0
mais comme la famille est libre on trouve
pour tout i ∈ ⟦1 ; p⟧,
ai − bi = 0
donc ai
= bi.
Réciproquement, si tout vecteur se décompose d’une unique manière sur la famille (e1, … , ep) alors cette famille est génératrice par définition et on a 0 = ∑i=1p 0·ei donc il n’y a pas d’autre décomposition du vecteur nul, ce qui justifie que la famille est libre.
Pour tout y ∈ F, la famille (x1, … , xp, y) n’est pas libre donc il existe (a1, … , ap, b) ∈ Rp+1 ∖ {0} tel que a1·x1 + ⋯ + ap·xp + by = 0.
Or la famille (x1, … , xp) est libre donc b ≠ 0 donc y = (−1)(b) (a1·x1 + ⋯ + ap·xp) ∈ Vect(x1, … , xp).
Finalement, la famille (x1, … , xp) est aussi génératrice de F donc c’est une base de F.
L’ensemble des longueurs de familles libres dans F est une partie non vide de N et majorée par n. Il admet un maximum m et il existe une famille libre de longueur m. Par construction, cette famille est de longueur maximale donc elle est maximale, donc c’est une base.
Par convention, le sous-espace vectoriel nul admet une unique base vide (de longueur 0).
- Théorème de la base incomplète
- Soit ℱ une famille libre et 𝒢 une famille génératrice dans un même sous-espace vectoriel F de Rn. Si la famille ℱ n’est pas déjà une base, on peut la prolonger avec certains vecteurs de la famille 𝒢 pour obtenir une base de F.
L’ensemble A est une partie non vide de N et majorée par n donc A admet un maximum m.
Il existe donc une famille libre ℬ de m vecteurs obtenue en prolongeant la famille ℱ avec des vecteurs de 𝒢. Comme tout prolongement avec un vecteur de 𝒢 donne une famille liée, on obtient que tous les vecteurs de 𝒢 sont engendrés par ℬ, donc ℬ est génératrice de F, or elle est libre par définition, donc c’est une base de F.
Coordonnées
On note en général ces coordonnées sous la forme d’un vecteur colonne [[λ1][⋮][λp]]
Les coordonnées d’une combinaison linéaire de vecteurs sont obtenues par combinaison linéaires des coordonnées avec les mêmes coefficients, ce qui permet de justifier la propriété suivante.
La famille ℱ est libre (ou génératrice dans F) si et seulement si la famille de ses vecteurs de coordonnées est libre (ou génératrice dans Rp).
Dimension
Les vecteurs de coordonnées des termes de ℱ dans la base ℬ forment une famille libre dans Rp donc ℱ contient au plus p vecteurs, tandis que les vecteurs de coordonnées des termes de 𝒢 dans la base ℬ forment une famille génératrice dans Rp donc 𝒢 contient au moins p vecteurs.
- Théorème de la dimension
- Dans un sous-espace vectoriel, toutes les bases ont le même nombre de vecteurs.
Chacune des deux bases est libre et génératrice, donc chacune a au plus autant de vecteurs que l’autre, donc elles ont autant de vecteurs.
Par convention, dim({0}) = 0.
- Pour tout entier n ≥ 0, dim(Rn) = n
- La dimension d’une droite vectorielle vaut 1.
Soit 𝒢 = y1, … , yd une famille génératrice de F. Le vecteur y1 constitue une famille libre, qu’il est possible de la compléter en une base de F avec (d − 1) vecteurs de 𝒢, donc cette base est 𝒢.