Analyse de fonction sur un segment

Révisions
Fonctions réelles d’une variable réelle
Notions
Continuité, prolongement par continuité, dérivabilité
Définitions
Taux d’accroissement, nombre dérivé, tangente à la courbe d’une fonction, extremum local
Résultats
Limite de la somme et du produit, limite d’une composée
Caractérisation de la continuité à l’aide des limites, somme et produit de fonctions continues, composée de fonctions continues
Continuité d’une fonction dérivable, dérivée de la fonction racine carrée, opérations sous la dérivée, dérivée des fonctions puissances, dérivée d’une réciproque, développement limité à l’ordre 1, condition nécessaire pour un extremum local
Compétences
Justifier qu'une fonction est continue et dérivable comme somme, produit, quotient ou composée de fonctions continues et dérivables
Calculer une dérivée
Exprimer les extrema locaux à partir des variations

Continuité

Définition
Soit f une fonction réelle définie en un réel a.
On dit que f est continue en a si pour tout intervalle ouvert J contenant f(a) il existe un intervalle ouvert I de a tel que pour tout xID on a f(x) ∈ J.
Exemple
Les fonctions constantes, identité, inverse et racine carrée sont continues en chaque point de leur domaine de définition.
Propriété
Soient f et g deux fonctions définies sur un même intervalle non dégénéré I. Si f et g sont toutes deux continues en un réel  aI alors les fonctions f + g et f × g sont continues aussi en a.
Démonstration
Soit J un intervalle ouvert contenant f(a) + g(a). Il existe ε ∈ ]0 ; 1[ tel que ]f(a) + g(a) − ε, f(a) + g(a) + ε[ ⊂ J. Il existe aussi un intervalle ouvert I0 contenant a tel que pour tout xI0I, on ait |f(x) − f(a)| < ε/2 et |g(x) − g(a)| < ε/2 donc |(f(x) + g(x)) − (f(a) + g(a))| < ε donc f(x) + g(x) ∈ J.
De même, il existe un intervalle ouvert I1 contenant a tel que pour tout xI1I, on ait |f(x) − f(a)| < ε / 2/|g(a)| + 1, et un intervalle ouvert I2 contenant a tel que pour tout xI2I, on ait |g(x) − g(a)| < ε / 2/|f(a)| + 1. Alors pour tout xII1I2 on trouve |f(x) × g(x) − f(a) × g(a)||f(x)| × |g(x) − g(a)| + |f(x) − f(a)| × |g(a)| < ε.

Par récurrence, on obtient alors que toutes les fonctions puissances puis que toutes les fonctions polynômes sont continues sur R.

Propriété
Soit f une fonction réelle continue en un réel a. Soit g une fonction réelle continue en f(a). Alors la composée gf est continue en a.
Démonstration
Soit K un intervalle ouvert contenant g(f(a)). Il existe un intervalle ouvert J contenant f(a) tel que pour tout yV on a g(y) ∈ K. Il existe un intervalle ouvert I contenant a tel que pour tout xI on a f(x) ∈ J donc g(f(x)) ∈ K.

On en déduit notamment que l’inverse d’une fonction continue (et qui ne s’annule pas) est continue, puis que tout quotient de fonctions continues est continu sur son domaine de définition.

Théorème des valeurs intermédiaires (TVI)
Soit (a, b) ∈ R2 tel que a < b. Soit f une fonction réelle continue sur [a, b].
Pour tout réel k compris entre f(a) et f(b), il existe c ∈ [a, b] tel que f(c) = k.
Démonstration
Supposons k < f(b). On peut poser par exemple A = {x ∈ [a, b] : f(x) ≤ k} et c = sup A. On raisonne alors par l’absurde.
Théorème des bornes
Toute fonction réelle continue sur un segment est bornée et atteint ses bornes.
Démonstration
Soit (a, b) ∈ R2 tel que a < b. Soit f une fonction réelle continue sur [a, b].

On note A = {x ∈ [a, b] : f est bornée sur [a, x]}. Cet ensemble contient a donc il est non vide et il est majoré par b. On peut donc noter c = sup(A).

La fonction f étant continue en c, elle est bornée sur un intervalle ouvert contenant c. Or elle est bornée à gauche de cet intervalle donc elle est bornée sur [a, c].

Supposons c < b. Comme la fonction est bornée au voisinage de c, il existe d ∈ ]c, b[ tel que la fonction est bornée aussi sur [c, d]. Donc la fonction est bornée sur [a, d], ce qui est contradictoire avec la définition de c.

On obtient donc c = b donc la fonction est bornée sur [a, b].

On pose alors pour tout x ∈ [a, b], g(x) = sup({f(t), t ∈ [a, x]}) et pour tout x < a, g(x) = f(a). En particulier, on trouve g(b) = sup(f).

La fonction g est croissante et on pose s = inf({x ∈ [a, b] : g(x) = g(b)}.

Supposons f(s) < g(b). Il existe m ∈ ]f(s), g(b)[ et par continuité la fonction f est majorée par m sur un intervalle [sε, s + ε] et par g(sε) à gauche de cet intervalle, donc g(s + ε) < g(b), ce qui est contradictoire avec la définition de s.

Finalement, on trouve f(s) = sup(f) et on applique la propriété à f pour démontrer que la borne intérieure est atteinte également.

Corolaire
L’image d’un segment réel par une fonction réelle continue est un segment.

Prolongement par continuité

Définition
Soit (a, b) ∈ R2 tel que a < b et soit f une fonction réelle définie sur ]a, b[. On dit que f est définie au voisinage à droite de a et définie au voisinage à gauche de b.
Exemple
La fonction inverse est définie au voisinage à gauche et à droite en 0.
Définition
Un prolongement d’une fonction f définie sur un domaine D est une fonction f1définie sur un domaine D1D telle que pour tout xD, f1(x) = f(x).

Autrement dit, la fonction f1 est un prolongement de f si et seulement si f est une restriction de f1.

Définition
Soit f une fonction réelle définie au voisinage (à gauche ou à droite) d’un réel a. On dit que f est prolongeable par continuité (à gauche ou à droite) en a si elle admet un prolongement défini et continu en a.
Exemple
La fonction xx2 − 9/x − 3 est prolongeable par la valeur 6 en 3.
Propriété
Soit f1 et f2 deux prolongements par continuité d’une fonction f en un réel a. Alors f1(a) = f2(a).
Démonstration
Pour tout εR+∗, il existe un intervalle I contenant a tel que pour tout xI, |f(x) − f1(a)| < ε et |f(x) − f2(a)| < ε donc |f1(a) − f2(a)| < 2ε. Finalement, f1(a) = f2(a).
Définition
Si f admet un prolongement par continuité f1 en un réel a alors on dit que f admet une limite finie lorsque x tend vers a et on note limxa f(x) = f1(a).
Propriété
Si f et g sont toutes deux définies au voisinage à gauche (ou à droite) d’un réel a et toutes deux prolongeables par continuité en a, alors leur somme et leur produit aussi avec limxa (f(x) + g(x)) = limxa f(x) + limxa g(x) et limxa (f(x) × g(x)) = limxa f(x) × limxa g(x).

Nombre dérivé

Définitions
Soit f une fonction réelle définie sur un intervalle I.

Le taux d’accroissement (ou taux de variation) de f entre deux réels a et b distincts dans I est le quotient f(b) − f(a) / ba, correspondant au coefficient directeur de la corde sur la courbe de f entre les points d’abscisse a et b.

Le nombre dérivé (resp. à gauche, resp. à droite) de f en a est la limite, si elle existe, du taux d’accroissement f(a+h) − f(a) / h lorsque h tend vers 0 (resp. par valeurs inférieures, resp. par valeurs supérieures). On le note alors f′(a) ou Df(a) (resp. fg(a), resp. fd(a)) et on dit dans ce cas que la fonction f est dérivable (resp. à gauche, resp. à droite) en a.

La tangente à la courbe de f au point d’abscisse a est alors la droite d’équation y = f′(a) × (xa) + f(a).

Propriété
Toute fonction dérivable en un point de son domaine de définition est continue en ce point.
Démonstration
Soit f une fonction dérivable en un point a de son domaine de définition. Alors on a limh→0 f(a+h) − f(a)/h = f′(a) et limh→0 h = 0 donc par produit on trouve limh→0 f(a+h) − f(a) = 0 donc limh→0 f(a+h) = f(a).

Donc la fonction f est bien continue en a.

Propriété
Soient u et v deux fonctions définies sur I et dérivables en un même réel aI.

Pour tout λR, la fonction λu + v est dérivable en a et on a (λu + v)′(a) = λu′(a) + v′(a).

De même, la fonction u × v est dérivable en a et on a (u × v)′(a) = u′(a)v(a) + u(a)v′(a).

Si en outre on a v(a) ≠ 0 alors la fonction v ne s’annule pas au intervalle ouvert de a et la fonction 1/v est dérivable en a avec (1 / v)(a) = v′(a)/(v(a))2.

Avec la même hypothèse, le quotient u/v est dérivable en a avec (u / v)(a) = u′(a)v(a) − u(a)v′(a) / (v(a))2.

Démonstration
On calcule successivement les taux d’accroissement avant de calculer leur limite.

Pour tout hR tel que a + hI, on a (λu + v)(a+h) − (λu + v)(a) / hλu(a+h) − u(a) / h + v(a+h) − v(a) / h.

Donc on trouve limh→0 (λu + v)(a+h) − (λu + v)(a) / hλu′(a) + v′(a).

De même, pour tout hR tel que a + hI, on a (u × v)(a+h) − (u × v)(a) / h (u(a+h) − u(a)) × v(a+h) + u(a) × (v(a + h) − v(a)) / h u(a+h) − u(a)) / h × v(a+h) + u(a) × v(a + h) − v(a) / h.

Donc on trouve limh→0 (u × v)(a+h) − (u × v)(a) / h = u′(a) v(a) + u(a) v′(a) par continuité de u et de v en a.

Si on rajoute l’hypothèse v(a) ≠ 0, alors par continuité de v en a on trouve bien que la fonction v ne s’annule pas au intervalle ouvert de a et on calcule pour tout hR tel que a + h soit dans ce intervalle ouvert, 1/v(a + h)1/v(a) / hv(a) − v(a + h) / v(a) v(a + h) × 1 / h−(v(a + h) − v(a)) / h × 1 / v(a) v(a + h).

Donc on trouve limh→0 1/v(a + h)1/v(a) / h = v′(a)/(v(a))2.

Le calcul pour le quotient s’obtient en dérivant le produit u × 1 / v.

Propriété
Pour tout nN, si f : xxn alors pour tout xR, f′(x) = n xn−1.
Démonstration
On raisonne par récurrence.

Pour n = 1, la fonction f : xx vérifie bien pour tout xR, f′(x) = 1 = 1x0.

Soit nN tel que la formule soit vraie au rang n. Alors en posant u : xxn et v : xx on trouve pour tout xR, (u × v)(x) = xn+1 et (u × v)′(x) = nxn−1 x + xn × 1 = (n + 1)xn.

Dérivée d’une composée
Soit u une fonction définie sur I à valeurs dans J et soit g une fonction réelle définie sur J telles que u soit dérivable en un réel aI et g soit dérivable en b = u(a) ∈ J.
Alors la fonction composée gu : xg(u(x)) est dérivable en a et on a (gu)′(a) = u′(a) × g′(u(a)).
Démonstration
On pose pour tout xJ \ {b}, τ(x) = g(x) − g(b) / xb et τ(b) = g′(b). Par définition, la fonction τ est continue en b et pour tout hR tel que a + hI, on a g(u(a + h)) − g(u(a)) / h = u(a + h) − u(a) / h × τ(u(a + h)).

Donc on trouve limh→0 g(u(a + h)) − g(u(a)) / h = u′(a) × g′(u(a)).

Dérivée de la réciproque
Soit f une fonction bijective de I vers J et dérivable en un point aI avec f′(a) ≠ 0, telle que sa réciproque f−1 soit continue en f(a). Alors la réciproque est dérivable en b = f(a) et on a (f−1)′(b) = 1/f′(a)
Pour tout hR tel que a + hI, on pose k = f−1(b + h) − f−1(b).

On en déduit f(a + k) = f(a) + h puis f−1(b + h) − f−1(b) / h = k / f(a + k) − f(a).

Donc on trouve limh→0 f−1(b + h) − f−1(b) / h = 1 / f′(a).

Variations

Définition
Soit f une fonction réelle définie sur un domaine DR. Soit aD. On dit que f admet un maximum local (resp. minimum local) en a s'il existe un intervalle ouvert V de a tel que pour tout xV on ait f(x) ≤ f(a) (resp. f(x) ≥ f(a)).
On dit que f admet un extremum local en a si elle y admet un maximum local ou un minimum local.
Remarque
Tout maximum global est un maximum local et tout minimum global est un minimum local.
Condition nécessaire pour un extremum local
Soit f une fonction réelle définie sur un intervalle I. Si f admet un extremum local en un point a à l’intérieur de I (c’est-à-dire en dehors des bornes) et si f est dérivable en a alors on a f′(a) = 0.
Démonstration
Si f admet un minimum local en a, alors la fonction hf(a + h) − f(a) est positive au intervalle ouvert de 0 donc le taux d’accroissement f(a+h) − f(a) / h est négatif au intervalle ouvert à gauche de 0 et positif au intervalle ouvert à droite de 0 donc la limite commune à droite et à gauche est nulle. De même, si f admet un maximum local en f, le taux d’accroissement est positif à gauche en 0 et négatif à droite en 0 donc sa limite en 0 est nulle.
Théorème de Rolle
Soit f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ telle que f(a) = f(b).
Alors il existe c ∈ ]a, b[ tel que f′(c) = 0.
Démonstration
Il existe (c, c′) ∈ [a, b]2 tel que f(c) = min[a, b] f et f(c′) = max[a, b] f.

En particulier, on a f(c) ≤ f(a) ≤ f(c′). On distingue alors trois cas.

Théorème des accroissements finis
Soit f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[.
Alors il existe c ∈ ]a, b[ tel que f′(c) = f(b) − f(a) / ba.
Démonstration
On applique le théorème de Rolle à une fonction associée à f par transformation affine.

On pose pour tout x ∈ [a, b], g(x) = f(x) − f(b) − f(a) / ba x.

La fonction g est continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[
avec g(a) = ba) × f(a) − (f(b) − f(a)) × a/bab f(a) − a f(b)/ba
et g(b) = (ba) × f(b) − (f(b) − f(a)) × b / ba b f(a) − a f(b) / ba.

Par conséquent, d’après le théorème de Rolle il existe c ∈ ]a, b[ tel que g′(c) = 0.

Or g′(c) = f′(c) − f(b) − f(a) / ba donc on trouve f′(c) = f(b) − f(a) / ba.

Inégalité des accroissements finis
Soit f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[.

S’il existe (m, M) ∈ R2 tel que pour tout x]a, b[ on a mf′(x) ≤ M alors on obtient m(ba) ≤ f(b) − f(a) ≤ M(ba).

Démonstration
D’après l’égalité des accroissements finis, il existe c ∈ ]a, b[ tel que f′(c) = f(b) − f(a) / ba or par hypothèse on a mf′(c) ≤ M donc on obtient les inégalités souhaitée en multipliant par (ba).
Propriété
Soit f une fonction définie sur un intervalle et dérivable à l’intérieur de celui-ci.

Si la dérivée est (strictement) positive alors la fonction est (strictement) croissante.

Si la dérivée est (strictement) négative alors la fonction est (strictement) décroissante.

Si la dérivée est nulle alors la fonction est constante.