Verbatim cours du 2 juin 2020

Je propose pour ceux qui le souhaitent une ou plusieurs séances de découverte du logiciel de statistique libre et gratuit R (peut-être lundi 15 juin après-midi par exemple).

Je propose aussi qu’on essaie de faire des séances de TD en petits groupes.

Du coup ce jeudi 4 juin, TD en petits groupes de 8 à 9 et de 9 à 10. On pourra éventuellement faire un groupe supplémentaire de 10 à 11.

Essayez de préparer des questions sur l’exercice 1, un exercice au choix entre 2, 3 et 4, et les deux dernières applications de l’exercice 8.

Ce matin, nous allons regarder les problèmes de dimension (du noyau et de l’image notamment).

Suite du cours : reprise de la dimension finie.

Reprenons un exemple traité la dernière fois avec l’espace E des fonctions de la forme

x ↦ (ax²+bx+c)e^-x

Ces fonctions sont des combinaisons linéaires de trois fonctions « élémentaires » :

u : x ↦ x² e^-x, v : x ↦ x e^-x, w : x ↦ e^-x.

En fait, on a E = Vect(u, v, w), car toute fonction de E est une combinaison linéaire des fonctions u, v et w : si f est définie par f(x) = (ax²+bx+c)e^-x, alors f = au+bv+cw.

Donc ces trois fonctions forment une famille génératrice de E.

Il reste à déterminer si (u, v, w) est une famille libre.

Pour cela, on résout l’équation au+bv+cw=0 ⇔ ∀x∈R, ax²e^-x + bx e^-x + c e^-x = 0

⇔ ∀x∈R, (ax²+bx+c)e^-x = 0 ⇔ ∀x∈R, ax²+bx+c = 0 (car l’exponentielle ne s’annule jamais).

Or un polynôme est toujours nul si et seulement si tous ses coefficients sont nuls.

Donc on a ∀x∈R, ax²+bx+c=0 ⇔ a=b=c=0.

Donc la famille (u, v, w) est libre.

Finalement, elle est libre et génératrice de E donc c’est une base de E, donc dim(E) = 3.

Autre exemple : considérons la matrice A = (: 1, 2 ; 4, 3) ∈ M_2(R).

On note F = {a I_2 + bA + cA², (a,b,c) ∈ R^3}.

Montrer que F est un sev de M_2(R) et montrer qu’il est de dimension finie, puis calculer sa dimension.

On peut commencer par écrire : Soit λ ∈ R et B ∈ F, il existe (a,b,c) ∈ R^3 tel que

B = a I_2 + bA + cA² donc λB = (λa) I_2 + (λb)A + (λc)A² ∈ F.

Soit B ∈ F et C ∈ F. Il existe (a,b,c,d,e,f) ∈ R^6 tel que B = a I_2+bA+cA² et C = d I_2+eA+fA².

Alors (B+C) = (a+d) I_2 + (b+e)A + (c+f)A² ∈ F.

Enfin, la matrice nulle s’écrit 0 I_2 + 0.A + 0.A² ∈ F.

Donc F est bien un sev de M_2(R).

On aurait pu remplacer ces 6 dernières lignes par une seule égalité :

En fait, on a F = Vect(I, A, A²), donc F est un sev de M_2(R).

(Par définition Vect(L, S, T, U) = {αL+βS+γT+δU, (α,β,γ,δ) ∈ R^3}.)

La famille (I, A, A²) étant génératrice, on sait que F est de dimension finie.

On résout donc l’équation aI+bA+cA² = 0.

Pour cela, on calcule A² = (: 9, 8 ; 16, 17).

L’équation matricielle se ramène donc au système :

{a+b+9c=0 ; 2b+8c=0 ; 4b+16c=0 ; a+3b+17c=0}

⇔ {a+b+9c=0 ; 2b+8c=0 ; 2b+8c=0} ⇔ {a+b+9c=0 ; b+4c=0}

On trouve une variable libre, ce qui signifie que la famille n’est pas libre.

Donc dim(F) < 3. Mais la famille (I, A) est libre (car ces deux matrices ne sont pas colinéaires) donc dim(F) ≥ 2.

Finalement, dim(F) = 2 et une base est par exemple (I, A).

(On aurait pu éventuellement choisir comme base (A, I) ou (I, A²) ou encore (A, A²) ou encore d’autres possibilités.)

Propriété : deux espaces vectoriels de dim finie sont isomorphes ssi ils ont la même dimension.

Démonstration : On procède par double implication.

Si E et F sont isomorphes. Alors il existe un isomorphisme φ : E → F et une base (e1, … , e_n) de E, dont l’image (φ(e1), … , φ(e_n)) est une base de F. Donc dim(F) = n = dim(E).

Réciproquement, si dim(F) = dim(E), que l’on note n, alors il existe un isomorphisme

φ : R^n → E et un isomorphisme ψ : R^n → F,

donc la composée ψ∘φ^-1 est un isomorphisme de E vers F.

Propriété : dim(E×F) = dim(E) + dim(F)

(à ne pas confondre avec la formule du cardinal du produit : card(E×F) = card(E)×card(F)).

Démonstration : on considère une base (e1, … , e_n) de E et une base (f1, … f_p) de F.

On montre que B=((e1,0), (e2, 0), … , (e_n, 0), (0, f1), (0, f2), … , (0, f_p)) est une base de E×F.

Cette famille rassemble bien des couples dans E×F.

Pour montrer qu’elle est libre, on prend des coefficients (λ1, … , λ_n, μ1, … , μ_p) ∈ R^{n+p}

tel que λ1.(e1, 0) + λ2.(e2, 0) + ⋯ + λ_n.(e_n, 0) + μ1.(0, f1) + ⋯ + μ_p.(0, f_p) = 0

⇔ (λ1.e1 + ⋯ + λ_n.e_n, μ1.f1 + ⋯ + μ_p.f_p) = 0

⇔ λ1.e1 + ⋯ + λ_n.e_n = 0 et μ1.f1 + ⋯ + μ_p.f_p = 0

mais les familles (e1, … , e_n) et (f1, … , f_p) sont libres donc les égalités précédentes nous assurent que les coefficients sont nuls. Donc la famille B est libre.

Pour montrer que la famille B est génératrice, on écrit : Soit (x,y) ∈ E×F.

Or x∈E donc il peut s’écrire λ1.e1 + ⋯ + λ_n.e_n

et de même, y∈F donc y peut s’écrire μ1.f1 + ⋯ + μ_p.f_p.

D’où (x,y) = (x, 0) + (0, y) = (λ1.e1 + ⋯ + λ_n.e_n, 0) + (0, μ1.f1 + ⋯ + μ_p.f_p)

= λ1.(e1, 0) + λ2.(e2, 0) + ⋯ + λ_n.(e_n, 0) + μ1.(0, f1) + ⋯ + μ_p.(0, f_p)

Donc la famille B est bien génératrice. Finalement c’est une base de E×F donc

dim(E×F) = n+p = dim(E) + dim(F).

Propriété : dim L(E,F) = dim(E)×dim(F)

Démonstration : on note (e1, … , e_n) une base de E et (f1, … ,f_p) une base de F, puis on définit les applications φ_ij : E → F qui vérifie φ_ij (e_k) = 0 si k≠i et φ_ij(e_i) = f_j.

Soit (λ_ij) des coefficients tels que ∑ λ_ij φ_ij = 0.

Alors pour tout k ∈ ⟦1, n⟧, on trouve 0 = ∑ λ_ij φ_ij (e_k) = ∑ λ_kj f_j donc tous les coefficients λ_kj sont nuls. Finalement, tous les coefficients sont nuls donc la famille est libre.

Pour montrer qu’elle est génératrice, on écrit : Soit f ∈ L(E, F). Pour tout k ∈ ⟦1, n⟧, on a f(e_k)∈F donc s’écrit ∑ λ_kj f_j. On montre alors que f = ∑ λ_ij φ_ij.

On montre que les applications φ_ij forment une base de L(E, F).

Une autre manière est d’écrire que L(E, F) est isomorphe à L(R^n, R^p) où n=dim(E) et p=dim(F), et l’isomorphisme canonique entre L(R^n, R^p) et M_{p,n}(R) donne

dim(L(R^n, R^p)) = p×n = dim(E)×dim(F).

Propriété : si F ⊂ E, alors dim(F) ≤ dim(E).

Propriété : si F ⊂ E et dim(F) = dim(E) alors E=F.

(Ça rappelle la propriété si A⊂B et card(A)=card(B) alors A=B).

Attention, la propriété sur les espaces vectoriels ne fonctionne qu’en dimension finie.

Les espaces de dimension infinie ne sont pas formellement au programme de B/L. Mais on peut en rencontrer facilement : R[x], R^N (ensemble de toutes les suites réelles), F(R, R) l’ensemble de toutes les fonctions de R vers R...

Pour le rang, on retrouve les définitions et propriétés vues avec les vecteurs colonnes, pas vraiment de changement.

Endomorphismes

Le renversement d’une fonction f ↦ (x ↦ f(−x)) consiste à faire une symétrie sur la courbe par rapport à l’axe des ordonnées.

Le décalage de la suite définie par u_n = √(n²+1) − n est la suite définie par

v_n = √(n²+2n+2) − n − 1

Exercice type sur les endomorphismes : exercice 9.

On a f∘g = 0 donc Im(g) ⊂ Ker(f).

En effet, pour tout x ∈ Im(g), il existe y ∈ R^n tel que x = g(y) donc f(x) = f(g(y)) = (f∘g)(y) = 0

donc x ∈ Ker(f).

Alors dim(Im(g)) ≤ dim(Ker(f)) donc rg(g) ≤ dim(Ker(f)).

Par théorème du rang, on sait que rg(g) = dim(R^n) − dim(Ker(g))

Donc dim(R^n) − dim(Ker(g)) ≤ dim(Ker(f)) ⇔ n ≤ dim(Ker(f)) + dim(Ker(g)).