Revue culturelle d’

Suite à ma participation à l’atelier de pratique We Are Home, proposé par le Théâtre national de Strasbourg dans le cadre du projet FutureLaboratory avec Vera Boitcova, je me suis souvenu avoir réfléchi à des références pour le thème de BTS « Dans ma maison » en 2022.

Le cadre de la maison comme espace de vie avec ses différentes pièces est évidemment très présent dans la littérature jeunesse. Je pense par exemple à l’album à compter Maman de Mario Ramos ou au très populaire pop-up la Maison hantée de Jan Pieńkowski. Sa construction est mise en scène dans Une nouvelle maison pour la famille souris de Kazuo Iwamura.

Le lieu peut être animé d’une vie propre, comme dans Le Château ambulant de Hayao Miyazaki, souvent du fait d’une occupation par des forces surnaturelles. Parmi de nombreux exemples, on peut citer Beetlejuice de Tim Burton, plus comique qu’effrayant.

Bien sûr, la technologie aussi peut donner vie à la maison. Le début du Le Mystère du lapin-garou de Nick Park installe un petit-déjeuner pour Wallace et Gromit avec une mécanique bien huilée. Une telle préparation se produit également dans le chapitre « Usher II » des Chroniques martiennes de Bradbury, mais sans personne pour en profiter, et le chapitre se termine un débarrassage qui montre la maison dans un cycle immuable et vain.

Bob Peterson envoie carrément une maison Là-haut, co-réalisé avec Pete Docter pour les studios Pixar. Il recourt pour cela à une quantité impressionnante de ballons de baudruche, probablement remplis à l’hélium. Mais cela ne fait pas partie des solutions proposées par Randall Munroe dans Et comment… ? (chapitre 7, « Comment déménager »), physiquement argumentées mais pas tout à fait raisonnables.

La maison est parfois menacée par les éléments comme dans Jamais de Duhamel, où une vieille femme veut conserver sa demeure en bord de falaise malgré l’érosion. D’autres fois la menace est humaine, et dans le Journal d’Anne Frank, l’annexe qui abrite la famille est décrite minutieusement, son importance bien comprise par la jeune fille.

Enfin, l’habitat partagé tisse des liens entre les personnes qui y vivent. Trois appartements composent L’Immeuble d’en face de Vanyda, tandis que La Communauté (Hervé Tanquerelle, Yann Benoît) relate une expérience de vie qui s’établit dans une ferme avec quelques dizaines de jeunes adultes au début des années 1970.

Faites comme chez vous !

Visites

La Cité de la Musique est désormais intégrée à la Philharmonie de Paris. Nous avons pu profiter d’une visite guidée à la découverte de certains instruments du musée, écouter des musiciens sur des flutes colonnes avec des sections carrées, essentiellement en musique baroque, et enfin nous avons joué un peu du thérémine.

Depuis mon enfance j’avais l’habitude de passer à côté du Lac du Der sur l’autoroute entre le Nord et le Jura. Nous avons enfin fait escale sur sa rive entre Paris et Strasbourg. Il n’y avait presque personne, un vent tenace et peu de soleil, mais c’était bien agréable de marcher sur le chemin de grève et de patauger un peu en forêt.

Cinéma

J’aime beaucoup la qualité de la photographie dans Huit Femmes de François Ozon, avec le jeu survolté d’Isabelle Huppert et les quelques passages chantés. Qui d’entre elles a tué l’homme de la maison, et pourquoi ? Les multiples rebondissements sont assez caractéristiques de ce type de théâtre (la pièce originale est de Robert Thomas en 1958), quitte à ce que la vraisemblance des mensonges successifs et du dénouement passe un peu au second plan.

Jacques Villeneuve a sorti son deuxième volet de Dune, dans la ligne du premier : une bonne conformité avec le roman de Frank Herbert, un temps long et une esthétique assez travaillée. Le combat au poignard entre Paul Muad’Dib et Feyd-Rautha Harkonnen est assez réussi d’un point de vue chorégraphique, même si le coup probablement mortel reçu par le héros ne semble pas le perturber outre mesure.

L’image a un peu vieilli dans Roméo + Juliette de Baz Luhrmann, mais le texte intemporel de Shakespeare tient le coup. Joyeusement kitch avec ses décors modernes d’une Vérone mégalo et ses dialogues en vers d’une langue du passé, le film reste un monument romantique sur la tragédie des amoureux issus de familles antagonistes.

La Rose pourpre du Caire de Woody Allen est un film sur un film dont un personnage s’évade, causant bien des tracas au cinéma qui le projette. Métaphore du miroir aux alouettes qu’est le grand écran, avec les faux-semblants des acteurs et le confort de l’illusion, cette comédie offre beaucoup de moments drôles et un peu d’amertume.

Spectacles

La compagnie Animal Architecte (Camille Dagen et Emma Depoid) présente Les Forces vives au Maillon, un parcours de la vie de Simone de Beauvoir de l’enfance à la vieillesse. On suit l’évolution de son rapport à la religion, sa rencontre avec Sartre, son engagement pendant la guerre, jusqu’à sa perception dans les médias et les réseaux sociaux. La troupe de comédiens était impressionnante d’énergie et de justesse.

Au Théâtre de Hautepierre, la comédie musicale les Fantasticks, de Tom Jones, est créée d’après la pièce Les Romanesques d’Edmond Rostand. Deux jeunes voisins s’aiment au-delà du mur malgré l’animosité réciproque apparente de leurs parents. En fait ceux-ci font semblant de se disputer pour que leurs enfants se plaisent. C’est un peu tarabiscoté. Mais la scénographie était efficace et colorée.

Anne Sofie von Otter donnait un récital à l’Opéra national du Rhin, avec plusieurs airs en hommage à Baudelaire. L’ensemble était assez sobre, avec un pianiste et un guitariste.

Littérature

Théâtre

Et de quatre ! Ciels clot le cycle du Sang des promesses de Wajdi Mouawad, avec un huis clos sur des services secrets qui tentent de lire un testament informatique pour déjouer un attentat. Les indications scéniques semblent assez essentielles dans la construction narrative, y compris dans la superposition de dialogues enregistrés. Le dénouement est un peu abrupt à mon gout, mais j’ai bien aimé l’architecture de la pièce.

Matei Visniec présente dans Richard III n’aura pas lieu un metteur en scène contraint de renoncer à ses choix par une police idéologique. La pression kafkaïenne qu’il subit n’est probablement pas complètement irréaliste mais je ne suis pas vraiment rentré dans l’intrigue.

Bande dessinée documentaire

L’Histoire dessinée de la France se prolonge avec Les Années Lumières, une mise en images de l’effervescence philosophique et culturelle du XVIIIe siècle en Europe, par Pauline Lemaigre-Graffier, Simon Spruyt et Rahul Markovits. Le périple d’un éditeur Suisse à la recherche des Confessions de Rousseau sert de fil rouge à la description historique.

Sortie d’usine, de Benjamin Carle, raconte le sort et la résistance des ouvriers de GM&S à travers les rachats successifs de l’entreprise et le désengagement des pouvoirs publics. J’ai trouvé le résultat instructif et bien documenté.

Les mères de famille ne font pas d’humanitaire, mais Léa Ducré relate son quotidien entre maris et enfants et missions aux quatre coins du monde. J’apprécie le courage et la volonté de cette femme qui entend bien ne rien céder. Mais le synopsis est un peu décousu, par juxtaposition des tranches de vie d’époques différentes.

Phil : une vie de Philip K. Dick (Laurent Queyssi) raconte l’histoire de l’auteur de science-fiction à succès mais tourmenté psychologiquement. Je n’accroche pas plus que ça au dessin de Mauro Marchesi.

Bande dessinée de fiction

Troubs évoque dans Les Oiseaux non seulement ces merveilleux compagnons du ciel, mais aussi Beyrouth. Il m’a ainsi donné les clés de certains éléments du théâtre de Wajdi Mouawad, comme par exemple ce triangle vert qui orne Racine carrée du verbe être, que j’ai lu il y a peu. L’album est poétique et porte une réflexion écologique.

Les Vikings dans la brume de Lupano et Ohazar sont assez sympathiques dans leur mésaventures humoristiques, mais les gags ne m’ont pas transporté non plus.

Saint Kilda (Chandre et Bertho) raconte la découverte par un jeune étudiant britannique d’une société millénaire sur cette ile des Hébrides. L’utopie libertaire s’y accomode bizarrement d’un prédicateur autoritaire dont on devine rapidement les forfaits. Mais j’ai du mal à comprendre comment la survie de ce petit groupe est compatible avec la saignée démographique orchestrée sur les jeunes filles.

Avec Inlandsis, Stéphane Betbeder nous emmène dans un périple arctique mythologique entre dieux, hommes et animaux. Le dessin est un peu dur et les allers-retours chronologiques pas toujours faciles à suivre.

On retrouve la patte d’Arleston dans La Baroque Épopée du monde qui ne voulait plus tourner. Ce démarrage de série installe un jeune prince évincé par son oncle, sa sœur narcoleptique et quelques autres embarqués dans une quête à venir. Je me lasse un peu de ce sempiternel côté dragon punk, mais peut-être faut-il attendre un peu de voir le développement de l’histoire.

J’ignore comment une réservation de La Maison nue de Marion Fayolle a pu arriver sur mon compte à la médiathèque. Je ne connaissais ni le titre ni l’auteur et par définition je n’étais pas tombé dessus en musardant dans les rayonnages. Mais bon, on ne rechigne pas à l’appel du destin. C’était assez poétique, avec quelques personnes qui occupent une maison vouée à la démolition. Je n’en ai pas tiré grand chose.

Le Projet Bermuda rassemble des courtes bandes dessinées de nombreux auteurs sans unité décelable. J’aime bien explorer la diversité des approches graphiques, mais peu de ces planches ont attiré mon attention.

Jeunesse

Lupano encore est l’auteur de l’album Cheval de bois, cheval de vent, dans lequel deux enfants vont voler le gâteau d’anniversaire du roi. Ce dernier n’est pas content.