Séries numériques

Notions
série et somme d’une série
Définitions
divergence grossière, série harmonique, convergence absolue
Résultats
critère de convergence des séries alternées, théorème de comparaison critère de convergence des séries de Riemann, critère de D’Alembert
somme d’une série géométrique, des séries géométriques dérivées et de la série exponentielle
Compétences
étude de la convergence d’une série

Cadre général

Définition
Soit (un)nN une suite réelle ou complexe. Sa série associée est la suite définie pour tout nN, Sn = i=0n ui, parfois notée (∑un).
Si cette série converge, sa limite est appelée somme de la série et notée n=0+∞ un.

Si une suite est indexée par N ou plus généralement pour tout nk, la série associée est indexée par le même ensemble.

Remarque
Toute suite (un)nN est la série associée à la suite (unun−1)nN, avec la convention u−1 = 0.
Propriété
Si une série converge alors son terme général tend vers 0.
Définition
Si le terme général d'une suite ne tend pas vers 0, on dit que sa série diverge grossièrement.
Exemples

Séries à termes positifs

Propriété
Une série à termes positifs est croissante.

Grâce au critère de convergence des suites croissantes, cette propriété mène au résultats suivant.

Théorème de comparaison
Soient (un)nN et (vn)nN deux suites réelles telles que pour tout entier n à partir d’un certain rang, 0 ≤ unvn. Si la série (∑vn) converge alors la série (∑un) converge aussi.

Ce théorème permet entre autres de justifier le résultat suivant.

Critère de convergence des séries de Riemann
Soit αR. La série (1/nα) converge si et seulement si α > 1.

De même, on montre ainsi qu'une série de Bertrand, de la forme (1/n lnβ(n)) convergent si et seulement si β > 1.

Critère de d'Alembert
Soit (un)nN une suite réelle à termes strictement positifs. Supposons que la suite (un+1/un) converge vers un réel L.
  • Si L < 1 alors la série (∑un) converge.
  • Si L > 1 alors la série (∑un) diverge grossièrement.

Le critère de d'Alembert ne permet pas de répondre lorsque la limite L des quotients de termes successifs vaut 1.

Sommes de référence

Série géométrique
Pour tout x ∈ ]−1 ; 1[ la série (xn) converge absolument et sa somme vaut 1/1 − x.
Séries géométriques dérivées
Pour tout x ∈ ]−1 ; 1[ les séries (nxn−1) et (n(n − 1)xn−2) convergent absolument avec n=1+∞ nxn−1 = 1/(1 − x)2 et n=2+∞ n(n − 1)xn−2 = 2/(1 − x)3.
Série exponentielle
Pour tout xR, la série (xn/n!) converge absolument et sa somme vaut ex.

La somme géométrique répond à certains paradoxes de Zénon, en particulier celui d’Achille et la tortue : dans une course, le plus rapide ne peut jamais rattraper le plus lent, puisque le poursuivant doit d’abord atteindre le point d’où part le poursuivi, ce qui donne une longueur d’avance à ce dernier.

Si les deux protagonistes se déplacent à vitesse constante, la longueur d’avance obtenue par le poursuivi est proportionnelle à la distance initiale avec un facteur q < 1. Les distances comme les durées successives suivent alors une progression géométrique de raison q, dont la série associée converge. La poursuite s’arrête donc en un temps fini sur une distance finie, même si l’on peut concevoir une infinité d’étapes intermédiaires.

Séries à double indice

Interversion de somme
Soit (ai,j)(i,j)∈N2 une famille réelle à termes positifs.
La série i=0+∞ j=0+∞ ai,j a un sens et converge si et seulement si la série j=0+∞ i=0+∞ ai,j a un sens et converge, et dans ce cas les deux sommes sont égales.
Démonstration
Supposons que pour tout iN la série j=0+∞ ai,j converge de somme Si et que la série i=0+∞ j=0+∞ ai,j converge.

Soit jN. Pour tout iN on a ai,jSi dont la série converge, donc par théorème de comparaison i=0+∞ ai,j converge.

Pour tout nN, on a donc j=0n i=0+∞ ai,j = i=0+∞ j=0n ai,j et comme pour tout iN on a j=0n ai,jj=0+∞ ai,j, on en déduit j=0n i=0+∞ ai,ji=0+∞ j=0+∞ ai,j

Par passage à la limite, on trouve donc j=0+∞ i=0+∞ ai,ji=0+∞ j=0+∞ ai,j. Le même raisonnement donne l’inégalité réciproque en intervertissant les indices, d’où l’on tire l’équivalence et l’égalité annoncées.