L'analyse des suites et des fonctions réelles s'appuie sur les notions de limite et de continuité, qui elles-mêmes reposent sur la propriété de la borne supérieure. Cette propriété permet notamment de justifier l'utilisation des racines carrées sur des nombres qui ne sont pas des carrés parfaits. La représentation des réels qui ne sont pas rationnels impose en effet l'emploi de symboles supplémentaires et en général, on ne peut en donner que des approximations.
Soit A une partie de R et m ∈ R. On dit que m est une borne supérieure pour A si m est le plus petit des majorants de A. Dans ce cas, on note m = sup A.
L’ensemble R est complet, c’est-à-dire qu’il vérifie la propriété suivante.
On en déduit la propriété duale.
Soit A une partie de R et m ∈ R. On dit que m est une borne inférieure pour A si m est le plus grand des minorants de A. Dans ce cas, on note m = inf A.
Toute partie non vide minorée dans R admet une borne inférieure.
On note B l’ensemble de ses minorants. Par construction, tout élément de A est donc supérieur à tout élément de B.
Par définition, l’ensemble B est non vide et il existe au moins un élément de A qui majore B. D’après la propriété précédente, l’ensemble B admet une borne supérieure que l’on peut noter s.
Tout élément a ∈ A majore B donc vérifie a ≥ s. Donc s est bien un minorant de A.
Soit b un minorant de A. Par définition, on a b ∈ B donc b ≤ s. Finalement, s est bien le plus grand des minorants de A.
En particulier, ces propriétés permettent de démontrer le résultat suivant.
Soit A une partie de R satisfaisant la propriété suivante : pour tout (x, y, z) ∈ R3, si x ∈ A et z ∈ A avec x ≤ y ≤ z alors y ∈ A. Alors A est un intervalle s'écrivant sous l'une des formes standard.
La complétude intervient de façon essentielle dans les propriétés suivantes.
L'ensemble N n'est pas majoré dans R.
Supposons que N soit majoré dans R. Comme il est non vide, il admet une borne supérieure que l’on peut noter s. Donc le réel s−1 n’est pas un majorant de N donc il existe un entier n tel que n > s − 1 d'où n + 1 > s ce qui est contradictoire avec la définition de s.
Il existe n ∈ N tel que n > Mδ donc nδ > M.
On pose A = {t ∈ R : t2 ≤ x}.
On a (1 + x)2 = 1 + 2x + x2 > x donc pour tout t ∈ A, on a t2 ≤ (1 + x)2 donc t ≤ 1 + x donc l'ensemble A est majoré.
Or A est non vide car il contient 0, donc il admet une borne supérieure, que l'on note r.
Pour tout n ∈ N*, on a r + 1n > r donc r + 1n ∉ A donc x < (r + 1n)2 = r2 + 2rn + 1n2 < r2 + 3rn. Donc x − r2 ≤ inf{3rn, n ∈ N*} = 0.
De même, pour tout n ∈ N* tel que n > 1r, on a r − 1n < r donc il existe t ∈ A tel que r − 1n < t d'où (r − 1n)2 < t2 ≤ x donc x > r2 − 2rn + 1n2 > r2 − 2rn. Donc x − r2 ≥ sup{−2rn, n ∈ N*} = 0.
Finalement, on trouve bien x = r2.
L'unicité vient de l'équivalence r1 = r2 ⇔ r12 = r22
Pour tout x ∈ R+, l'unique réel r ∈ R+ tel que r2 = x est appelé racine carrée de x et noté √x.
En particulier, on a √0 = 0 et √1 = 1.
Un trinôme du second degré à coefficients réels en la variable x est une expression s'écrivant sous la forme ax2 + bx + c, où a, b et c sont trois réels indépendants de x. Dans ce cas, le réel Δ = b2 − 4ac est appelé discriminant du trinôme.
L'équation ax2 + bx + c = 0 d’inconnue x est alors appelée équation du second degré et ses solutions sont les racines du trinôme.
Pour tout x ∈ R on a
ax2 + bx + c
= a(x2
+ ba x
+ ca)
= a((x
+ b2a)2
− b24a2
+ 4ac4a2)
= a((x
+ b2a)2
− Δ4a2)
dont la dernière forme est appelée forme canonique
et on se ramène bien à l'un des trois cas suivants.
Soit (x, α, ε) ∈ R2 × R∗+. On dit que x est une valeur approchée de α avec une précision inférieure à ε si on a |x − α| ≤ ε. La valeur approchée est dite par défaut si x ≤ α et par excès si x ≥ α.
L'erreur absolue de x par rapport à α est le nombre |x − α|. Si α ≠ 0, l'erreur relative de x par rapport à α est le quotient |(x − α)α|.
Tout réel est compris entre deux entiers relatifs.
Ceci permet de montrer que pour tout x ∈ R l’ensemble A = {k ∈ Z : k ≤ x} est non vide et majoré dans Z donc admet un plus grand élément.
Pour tout x ∈ R on appelle partie entière de x et on note E(x) ou [x] le plus grand entier inférieur ou égal à x.
Pour tout a ∈ Z, pour tout x ∈ [a, a + 1[ on a E(x) = a.
Pour tout x ∈ R, on a E(x) ≤ x < E(x) + 1.
Cette définition permet de démontrer facilement les deux propriétés suivantes.
On pose q = E(ab). Alors on a q ≤ ab < q + 1 donc bq ≤ a < b(q + 1) donc 0 ≤ a − bq < b.
Par conséquent, en posant r = a − bq on a l’existence du quotient euclidien et du reste.
Supposons qu’il existe un autre couple (q′, r′) ∈ Z×R tel que a = b×q′ + r′ et 0 ≤ r′ < b.
Alors on trouve b×q + r = b×q′ + r′ donc b×(q − q′) = r′ − r donc l’entier q − q′ est égal à r′ − rb.
Mais les inégalités 0 ≤ r′ < b et −b < −r ≤ 0 impliquent les inégalités −b < r′ − r < b donc −1 < r′ − rb < 1.
Le seul entier strictement compris entre −1 et 1 étant 0, on en déduit q = q′ donc par soustraction, r′ = r.
Finalement, le quotient euclidien et le reste sont uniques.
Pour distinguer les réels, l'approximation entière peut ne pas être suffisante mais les rationnels sont suffisamment dispersés pour ce faire.
On a y − x > 0 donc 1y − x > 0 donc il existe n ∈ N* tel que n > 1y − x d’où 1n < y − x.
On note ensuite q le quotient euclidien de la division de x par 1n et on trouve x < q+1n mais y > x + 1n > q+1n.
En pratique, on peut même se restreindre aux décimaux, qui sont des quotients d'un entier par une puissance de 10.
Pour tout (x, k) ∈ R × Z il existe un unique p ∈ Z tel que
p × 10k
≤ x < (p + 1) × 10k.
Les nombres p × 10k
et (p + 1) × 10k
sont alors respectivement appelés approximation décimale par défaut et par excès de x
à 10k près.