Complétude de l'ensemble des nombres réels

  1. Complétude
  2. Racine carrée
  3. Approximation
Exercices

L'analyse des suites et des fonctions réelles s'appuie sur les notions de limite et de continuité, qui elles-mêmes reposent sur la propriété de la borne supérieure. Cette propriété permet notamment de justifier l'utilisation des racines carrées sur des nombres qui ne sont pas des carrés parfaits. La représentation des réels qui ne sont pas rationnels impose en effet l'emploi de symboles supplémentaires et en général, on ne peut en donner que des approximations.

Bornes supérieure et inférieure

Formulation

Soit A une partie de R et mR. On dit que m est une borne supérieure pour A si m est le plus petit des majorants de A. Dans ce cas, on note m = sup A.

L’ensemble R est complet, c’est-à-dire qu’il vérifie la propriété suivante.

Propriété de la borne supérieure
Toute partie non vide et majorée dans R admet une borne supérieure.

On en déduit la propriété duale.

Soit A une partie de R et mR. On dit que m est une borne inférieure pour A si m est le plus grand des minorants de A. Dans ce cas, on note m = inf A.

Toute partie non vide minorée dans R admet une borne inférieure.

Soit A une partie minorée non vide de R.

On note B l’ensemble de ses minorants. Par construction, tout élément de A est donc supérieur à tout élément de B.

Par définition, l’ensemble B est non vide et il existe au moins un élément de A qui majore B. D’après la propriété précédente, l’ensemble B admet une borne supérieure que l’on peut noter s.

Tout élément aA majore B donc vérifie as. Donc s est bien un minorant de A.

Soit b un minorant de A. Par définition, on a bB donc bs. Finalement, s est bien le plus grand des minorants de A.

En particulier, ces propriétés permettent de démontrer le résultat suivant.

Soit A une partie de R satisfaisant la propriété suivante : pour tout (x, y, z) ∈ R3, si xA et zA avec xyz alors yA. Alors A est un intervalle s'écrivant sous l'une des formes standard.

Caractère archimédien

La complétude intervient de façon essentielle dans les propriétés suivantes.

L'ensemble N n'est pas majoré dans R.

On raisonne par l'absurde.

Supposons que N soit majoré dans R. Comme il est non vide, il admet une borne supérieure que l’on peut noter s. Donc le réel s−1 n’est pas un majorant de N donc il existe un entier n tel que n > s − 1 d'où n + 1 > s ce qui est contradictoire avec la définition de s.

Caractère archimédien de R
Pour tout MR+, pour tout δR∗+, il existe nN tel que nδ > M.
Soient MR+ et δR∗+.

Il existe nN tel que n > M/δ donc nδ > M.

Racine carrée

Définition

Pour tout xR+ il existe un unique rR+ tel que r2 = x.
La propriété est vraie pour x = 0.
Soit xR∗+.

On pose A = {tR : t2x}.

On a (1 + x)2 = 1 + 2x + x2 > x donc pour tout tA, on a t2 ≤ (1 + x)2 donc t ≤ 1 + x donc l'ensemble A est majoré.

Or A est non vide car il contient 0, donc il admet une borne supérieure, que l'on note r.

Pour tout nN*, on a r + 1/n > r donc r + 1/nA donc x < (r + 1/n)2 = r2 + 2r/n + 1/n2 < r2 + 3r/n. Donc xr2 ≤ inf{3r/n, nN*} = 0.

De même, pour tout nN* tel que n > 1/r, on a r1/n < r donc il existe tA tel que r1/n < t d'où (r1/n)2 < t2x donc x > r22r/n + 1/n2 > r22r/n. Donc xr2 ≥ sup{−2r/n, nN*} = 0.

Finalement, on trouve bien x = r2.

L'unicité vient de l'équivalence r1 = r2r12 = r22

Pour tout xR+, l'unique réel rR+ tel que r2 = x est appelé racine carrée de x et noté x.

En particulier, on a 0 = 0 et 1 = 1.

Opérations sur les radicaux
Pour tout (a, b) ∈ (R+)2 on a a × b = a × b puis pour tout nN, an = (a)n et si b > 0, a/b = a / b
Inégalités avec les radicaux
Pour tout (a, b) ∈ (R+)2, on a l'équivalence ab  ⇔  ab.
Pour tout a ∈ ]0 ; 1[, on a a > a
et pour tout a ∈ ]1 ; +∞[, on a a < a.

Trinôme du second degré

Un trinôme du second degré à coefficients réels en la variable x est une expression s'écrivant sous la forme ax2 + bx + c, où a, b et c sont trois réels indépendants de x. Dans ce cas, le réel Δ = b2 − 4ac est appelé discriminant du trinôme.

L'équation ax2 + bx + c = 0 d’inconnue x est alors appelée équation du second degré et ses solutions sont les racines du trinôme.

On distingue trois cas.
Soit (a, b, c) ∈ R* × R2. On note Δ = b2 − 4ac.

Pour tout xR on a ax2 + bx + c = a(x2 + b/a x + c/a) = a((x + b/2a)2b2/4a2 + 4ac/4a2)
= a((x + b/2a)2Δ/4a2)
dont la dernière forme est appelée forme canonique et on se ramène bien à l'un des trois cas suivants.

Approximation

Principe général

Soit (x, α, ε) ∈ R2 × R∗+. On dit que x est une valeur approchée de α avec une précision inférieure à ε si on a |xα|ε. La valeur approchée est dite par défaut si xα et par excès si xα.

L'erreur absolue de x par rapport à α est le nombre |xα|. Si α ≠ 0, l'erreur relative de x par rapport à α est le quotient |xα/α|.

Approximation entière

Tout réel est compris entre deux entiers relatifs.

Soit xR. On distingue deux cas.

Ceci permet de montrer que pour tout xR l’ensemble A = {kZ : kx} est non vide et majoré dans Z donc admet un plus grand élément.

Pour tout xR on appelle partie entière de x et on note E(x) ou [x] le plus grand entier inférieur ou égal à x.

Pour tout aZ, pour tout x ∈ [a, a + 1[ on a E(x) = a.

Pour tout xR, on a E(x) ≤ x < E(x) + 1.

Cette définition permet de démontrer facilement les deux propriétés suivantes.

Division euclidienne
Pour tout (a, b) ∈ R×R∗+, il existe un unique (q, r) ∈ Z×R tel que a = b×q + r et 0 ≤ r < b.
Soit (a, b) ∈ R×R∗+.

On pose q = E(a/b). Alors on a qa/b < q + 1 donc bqa < b(q + 1) donc  0 ≤ abq < b.

Par conséquent, en posant r = abq on a l’existence du quotient euclidien et du reste.

Supposons qu’il existe un autre couple (q′, r′) ∈ Z×R tel que a = b×q′ + r′ et 0 ≤ r′ < b.
Alors on trouve b×q + r = b×q′ + r′ donc b×(qq′) = r′r donc l’entier qq′ est égal à r′r/b.

Mais les inégalités 0 ≤ r′ < b et b < −r ≤ 0 impliquent les inégalités b < r′r < b donc −1 < r′r/b < 1.

Le seul entier strictement compris entre −1 et 1 étant 0, on en déduit q = q′ donc par soustraction, r′ = r.

Finalement, le quotient euclidien et le reste sont uniques.

Approximation décimale

Pour distinguer les réels, l'approximation entière peut ne pas être suffisante mais les rationnels sont suffisamment dispersés pour ce faire.

Densité des rationnels dans R
Pour tout (x, y) ∈ R2 tel que x < y, il existe rQ tel que x < r < y.
Soit (x, y) ∈ R2 tel que x < y.

On a yx > 0 donc 1/yx > 0 donc il existe nN* tel que n > 1/yx d’où 1/n < yx.

On note ensuite q le quotient euclidien de la division de x par 1/n et on trouve x < q+1/n mais y > x + 1/n > q+1/n.

En pratique, on peut même se restreindre aux décimaux, qui sont des quotients d'un entier par une puissance de 10.

Pour tout (x, k) ∈ R × Z il existe un unique pZ tel que p × 10kx < (p + 1) × 10k.
Les nombres p × 10k et (p + 1) × 10k sont alors respectivement appelés approximation décimale par défaut et par excès de x à 10k près.

Compétences