Je suis né à une époque où les jeux sur ordinateur balbutiaient à peine. Le premier auquel j’ai joué a sans doute été Saphir, sur MO5. Je n’ai pas eu de console de jeu, mais j’ai pu occasionnellement m’essayer à Tetris sur Game Boy, avant d’acquérir enfin un ordinateur personnel qui mettait à ma disposition démineur, jeu de patience, snake, flipper ou simulateur de golf. J’ai ensuite passé pas mal de temps sur SimCity et Outpost en gestion de ville (sur Terre ou d’autres planètes), Warcraft puis Starcraft en stratégie en temps réel, Battle Isle 2, Heroes of Might and Magic, et plus récemment Wesnoth en tour par tour. J’ai aussi exploré un peu l’univers de Myst et quelques jeux de casse-tête comme Pingus. Enfin, j’ai parcouru les pistes de SuperTuxKart, autre clone d’un jeu de courses de voitures bien connu. Aujourd’hui, j’ai désinstallé tout ce que je pouvais pour ne plus être happé par ce genre d’activité, préférant de loin les jeux de plateau qui permettent des interactions réelles (et se limitent plus facilement dans le temps).
Le mois dernier, j’ai profité de quelques jours de vacances pour aller à Paris et faire quelques visites.
Visites
Chagall, Paris – New York est une immersion dans l’univers coloré de l’artiste à l’Atelier des lumières. Il est presque frustrant de ne pas savoir où donner de la tête tant les images se succèdent sur toutes les parois de la salle. La bande sonore n’est pas en reste et participe du plaisir de l’expérience. La projection un peu plus courte dans les œuvres de Paul Klee qui s’enchaine ensuite m’a moins transporté mais souligne les échos entre l’art pictural et la musique.
Le musée de Cluny est un lieu que j’affectionne, avec ses collections remarquables sur l’art médiéval, et en particulier les exceptionnelles tapisseries de La Dame à la licorne. Certaines salles ferment en alternance entre le matin et l’après-midi, mais en arrivant un peu avant la bascule, on peut voir toutes les zones.
Le musée de la Bibliothèque nationale française est accessible sur le site Richelieu avec de belles collections d’objets, cartes, camées, vases et sculptures… mais finalement assez peu d’écrits, par comparaison avec ce que présente par exemple la salle d’exposition de la British Library. La bibliothèque de la salle Ovale était bondée, mais nous avons pris plaisir à en faire le tour et lire quelques livres exposés au passage.
L’exposition « Jardins de rêves » à la Fondation Giacometti met en relation le travail de Giacometti et celui de Dalí dans le mouvement surréaliste de l’entre-deux-guerres. Les quelques œuvres présentées sont intéressantes mais peu nombreuses et surtout assez peu contextualisées. C’est dommage car on sent qu’il y aurait eu beaucoup à dire, et l’architecture particulière du lieu mériterait aussi un accompagnement.
La Cité des sciences et de l’industrie propose une exposition Foules bien fournie, ludique et plutôt efficace pour faire percevoir les enjeux sociologiques et psychologiques, mais aussi physiques, mathématiques, informatiques de la notion. Comme à chaque fois que nous nous retrouvons dans ce grand bâtiment, nous avons fait le tour de plusieurs dispositifs permanents, avec malheureusement quelques matériels vieillissants, mais dans l’ensemble nous en avons pour notre journée. L’animation Flop chef a rempli la salle de présentation, avec quelques réalisations culinaires sympathiques.
Spectacles
Patricia Petibon incarnait La Voix humaine de Poulenc à l’Opéra national du Rhin, dans un spectacle un peu déstabilisant mais très maitrisé. Une femme au téléphone avec son mari dévoile par cette conversation univoque les affres de sa situation conjugale. La fin est purement instrumentale et soutenue par une vidéo qui semble poursuivre la scène avec la chanteuse muette dans les rues de la ville, guidée par un chien et des ombres.
Au TAPS, Et toujours la vie est belle est l’adaptation d’un texte d’Etty Hillesum, écrit avant sa déportation à Auschwitz à 27 ans. L’autrice y manifeste son optimisme, sa foi et ses questionnements. Mais la forme musicale du spectacle sature l’espace sonore et semble faire fi de l’intimité du récit. On regrette que la performance prenne le pas sur le discours.
Littérature
Roman
Merci à Roger de m’avoir prêté L’Énigme de la chambre 622 de Joël Dicker. J’avais beaucoup aimé La Vérité sur l’affaire Harry Québert du même auteur, ainsi que son adaptation en série. Là j’ai plus senti les ficelles de l’intrigue, et l’identification de l’auteur avec le personnage principal est un peu poussée, mais globalement cela se lit bien.
Bande dessinée et récits graphiques
Le Signe de la Lune est un récit fantastique qui montre des enfants concourir pour obtenir un pendentif, puis interagir à l’âge adulte dans les conséquences d’une soirée funeste. Le dessin de Munuera que j’avais découvert avec les albums de Merlin sert ici une histoire plus poétique.
Ghost in the Shell est une série de manga de Masamune Shirow, élevée au rang de classique. Certes, l’action consiste essentiellement en des combats meurtriers, mais j’ai bien aimé les remarques additives de l’auteur en bas de page pour donner des informations complémentaires, réelles ou fictives, ou pour expliquer ses choix de narration.
Joann Sfar nous rassure avec ce titre pseudo-biblique : Tu n’as rien à craindre de moi. En pratique, il déroule des obsessions sexuelles et artistiques qu’on a pu découvrir dans ses autres albums. Rien de très nouveau ici.
La Tour (Jan Kounen) est un énième avatar du dernier refuge de l’humanité après sa quasi-extinction due à une maladie foudroyante. Un conflit de génération y oppose ceux qui y sont nés à ceux qui y sont arrivés.
Jeu
J’ai encore pu faire découvrir le jeu Concept à l’occasion d’un pot au bar La Belle qui disposait d’une belle ludothèque. Il s’agit de faire deviner un mot, un nom ou une expression sans dessin, sans explication, sans même un mime : juste en disposant des petits cubes de couleur et d’autres jetons sur des cases d’un plateau pour donner des indications de forme, de couleur, de matière, de domaine du savoir ou d’activité, des parties du corps et d’autres concepts plus abstraits. On peut y jouer à tout âge, avec des enfants qui ne savent pas encore lire jusqu’aux personnes âgées. Nul besoin de compter des points ou de faire des équipes, on s’amuse en bonne intelligence.