Spectacles
L’ensemble Cappella Mediterranea m’enchante à chaque fois que je le vois sur scène, et cela s’est encore confirmé avec L’Orfeo de Monteverdi, présenté à l’Opéra national du Rhin. Sortant les musiciens de la fosse d’orchestre pour nous faire profiter de la beauté des instruments, la mise en scène enrichit la forme concert par ses costumes et une interprétation très vivante au royaume des morts.
Nous n’aurions pas voulu manquer West Side Story, également à l’ONR ce mois-ci. J’aime déjà beaucoup la musique de Leonard Bernstein (que nous écoutons régulièrement dans sa version par le quatuor Amanecer). La performance des danseurs du ballet de l’ONR était remarquable, et les rôles incarnés avec une joie féroce. Le décor était simple en apparence, laissant toute la place à l’expression chorégraphique.
J’ai retrouvé dans Les Serpents l’écriture incisive de Marie N’Diaye, qui nous plonge dans un malaise calculé face à trois femmes devant l’entrée d’une maison… hantée par ses habitants. Le décor figuré par un mur d’enceintes (c’est en écrivant cette phrase que je prends conscience du calembour visuel) est assez impressionnant et j’ai particulièrement apprécié le jeu de Tiphaine Raffier en jeune épouse traumatisée.
Le groupe 44 de l’École du TNS montait son Mont Vérité, écrit et mis en scène par Pascal Rambert. Après une première partie diaphane et confuse, les monologues personnels éclatent et nous touchent par leurs accents de sincérité. Le joyeux bazar de la discussion à table est également épatant dans sa dynamique.
Les Cadets de l’Ill se produisaient au festival de jeu de rôle de Kaysersberg avec un spectacle de combat d’épée opposant pilleurs de navires en perdition à une milice spatio-temporelle.
Le groupe Impro Alsace est intervenu à l’occasion du 50e anniversaire du Bureau d’Économie Théorique et Appliquée (BETA), composante de recherche à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de Strasbourg. Avec beaucoup d’humour et de pertinence, les comédiens et musiciens ont illustré l’ambiance du laboratoire, en se réappropriant le vocabulaire, les noms et les anecdotes glanées dans la journée.
Films
J’ai beaucoup aimé En corps de Cédric Klapisch, sur une danseuse de ballet qui doit se réinventer suite à une blessure. C’est à la fois drôle et émouvant, et je crois assez au message explicite sur le fait qu’on n’a pas qu’une vie (ici-bas), mais que changer ses rêves n’est pas forcément un renoncement.
Je n’avais pas de souvenir très précis de Quatre mariages et un enterrement, juste l’image d’une comédie un peu loufoque, trébuchant soudain sur la gravité du deuil. De fait, malgré quelques scènes d’anthologie comme celle des alliances, c’est surtout une romance gentillette, mettant quand même en lumière sans avoir l’air d’y toucher l’invisibilisation de l’homosexualité.
Le synopsis de Maudite Aphrodite déroule les relations cocasses entre un homme avec la mère biologique de son fils adoptif. Mais comme souvent chez Woody Allen, cette histoire est ourlée d’un procédé inhabituel : un chœur antique commente régulièrement l’action avec force danseurs et masques, insérant parfois les acteurs eux-mêmes dans les ruines du temple méditerranéen.
Littérature
Une hackeuse et un attaché parlementaire sont les protagonistes de Comme un empire dans un empire d’Alice Zeniter. Ancrée dans les noms et évènements de la réalité contemporaine, fût-elle virtuelle, ce roman nous entraine dans les doutes et les affres de femmes et d’hommes engagés dans des idéaux de société mais aussi mus par des désirs quotidiens.
Je n’avais pas pu voir le spectacle Giselle…, joué au Maillon, mais j’ai pu en lire le texte de François Grémaud. J’aime beaucoup l’intelligence de la description et la délicatesse de la construction théâtrale qui met en valeur le contexte et la structure du ballet de Théophile Gautier.
Bande dessinée et récits graphiques
Une mère attend des nouvelles de son fils parti rejoindre Daesh dans L’Appel de Dominique Mermoux et Laurent Galandon. J’aime le trait sobre et doux, en noir et blanc, qui porte bien la douleur et l’enquête de cette mère qui veut comprendre et agir avant qu’il ne soit trop tard.
Il est difficile de garder la fraicheur du dessin d’actualité, mais j’ai toujours de la tendresse pour les bonshommes patates de Martin Vidberg en relisant Mieux vaut en rire. Dommage que ses différents sites sur Le Monde, l’Actu en patates et Un monde de jeux ne présentent plus d’activité depuis janvier dernier.
Le Sang des Immortels est une adaptation en BD par Françoise Ruscak et Francesco Trifogli d’un roman de Laurent Genefort. Le dessin est très propre mais le scénario peu convaincant, avec des personnages un peu caricaturaux et un rapport à l’immortalité plombé par une vision finitiste du savoir.