Limite de fonction réelle d’une variable réelle

  1. Définitions et exemples
  2. Comparaison
  3. Opérations
  4. Théorèmes
  5. Asymptotes

Définitions et exemples

On appelle droite réelle continuée et on note R l’ensemble qui contient tous les réels et deux infinis R = R ∪ {−∞ ; +∞}, ordonné totalement par l’ordre usuel sur les réels avec pour tout xR, −∞ ≤ x ≤ +∞.

L’addition est partiellement prolongée par :

Seule l’addition de +∞ et −∞ n’est pas définie.

La multiplication est partiellement prolongée par la règle suivante : le produit de deux infinis ou d’un réel non nul avec un infini est infini et son signe suit la règle des signes. Seule la multiplication de zéro et d’un infini n’est pas définie.

Soit aR. On dit qu’une propriété est vraie au voisinage de a s’il existe un intervalle ouvert contenant a sur lequel la propriété est vraie.
On dit qu’une propriété est vraie au voisinage à droite (resp. à gauche) de a s’il existe εR∗+ tel que la propriété soit vraie sur ]a ; a + ε[ (resp. ]aε ; a[).
On dit qu’une propriété est vraie au voisinage de +∞ (resp. −∞) s’il existe MR+ tel que la propriété soit vraie sur ]M ; +∞[ (resp. ]−∞ ; M[).

Soit aR et soit f une fonction définie au voisinage à gauche ou à droite de a. On dit que f admet une limite LR en a et on note limxa f(x) = L si pour tout intervalle ouvert J contenant L, on a f(x) ∈ J pour tout x au voisinage de a.
On dit que f tend vers +∞ (resp. −∞) en a et on note limxa f(x) = +∞ (resp. limxa f(x) = −∞) si pour tout MR, on a f(x) ∈ ]M ; +∞[ (resp. f(x) ∈ ]−∞ ; M[) pour tout x au voisinage de a.

Les mêmes définitions peuvent être spécifiées à droite ou à gauche en appliquant la même précision aux voisinages considérés.

Limite de la racine carrée
On a limx→+∞ x = +∞
Pour tout MR+ on a l’équivalence x > Mx > M2.

Comparaison de limites

Soient f et g deux fonctions réelles définies sur un même voisinage à gauche ou à droite de aR et admettant des limites en a, notées respectivement L et L′.
Comme pour les limites de suites, on démontre le premier cas et le deuxième s’en déduit par contraposée.

Supposons L > L′. On pose ε = LL′/2. Alors on a f(x) > Lε = L+L′/2 = L′ + ε > g(x) au voisinage de a.

Cette propriété démontre l’unicité de la limite et permet de montrer que certaines fonctions n’ont pas de limite. Par exemple, la fonction cosinus n’a pas de limite en +∞ car les suites (cos(2πn)) et (cos(2πn + π/2)) sont constantes de valeurs respectives 1 et 0.

Critère séquentiel de la limite
Soit aR et soit f une fonction définie au voisinage à gauche ou à droite de a. Soit LR. On a l’équivalence suivante : limxa f(x) = L si et seulement si
pour toute suite (un) telle que limn→+∞ un = a on a limn→+∞ f(un) = L.
On montre le sens direct puis la contraposée de la réciproque.

Supposons limxa f(x) = L. Soit (un) telle que limn→+∞ un = a.
Soit J un intervalle ouvert au voisinage de L. Il existe un intervalle I au voisinage de a tel que pour tout xIDf on ait f(x) ∈ J. Or il existe un rang à partir duquel tous les termes de la suite (un) sont dans I. À partir de ce même rang, tous les termes de la suite (f(un)) sont donc dans J.
Donc on trouve limn→+∞ f(un) = L.

Réciproquement, supposons que la fonction f ne tende par vers L en a. On distingue trois cas.

Dans les trois cas, la suite (un) tend vers a mais la suite (f(un)) ne tend pas vers L en +∞.

Opérations

De même, on peut démontrer des règles de calcul à partir de celles sur les limites de suites.

Dans toutes les propositions ci-dessous, on considère f et g deux fonctions réelles définies sur un même voisinage à gauche ou à droite de aR.
Limite d’une somme
  • Si f et g admettent toutes deux une limite finie en a alors f+g aussi et on trouve limxa (f + g)(x) = limxa f(x) + limna g(x).
  • Si limxa f(x) = +∞ et si g est minorée au voisinage de a alors limxa (f + g)(x) = +∞.
  • Si limxa f(x) = −∞ et si g est majorée au voisinage de a alors limxa (f + g)(x) = −∞.
Limite d’un produit
  • Si limxa f(x) = 0 et si g est bornée au voisinage de a alors limxa (f × g)(x) = 0.
  • Si f et g admettent toutes deux une limite en a alors on a limxa (f × g)(x) = (limxa f(x)) × (limxa g(x)) lorsque le produit a un sens.
Limite du quotient
  • Si f et g admettent toutes deux une limite en a alors on a limxa f(x)/g(x) = limxa f(x)/limxa g(x) lorsque ce quotient a un sens.
  • Si f tend vers l’infini en a et si g est bornée de signe constant au voisinage de a alors f/g tend vers l’infini en a en respectant la règle des signes.
  • Si f est bornée et si g tend vers l’infini alors on a limxa f(x)/g(x) = 0.

Il ne faut pas confondre la propriété suivante avec celle de la limite d’une suite géométrique.

Limite d’une puissance
Soit nN. On a limx→+∞ xn = +∞ et
  • si n est pair, limx→−∞ xn = +∞ ;
  • si n est impair, limx→−∞ xn = −∞.
On procède par récurrence sur nN.
Limite d’une composée
Soit f une fonction définie au voisinage à gauche ou à droite de aR et à valeurs dans un intervalle J. Soit g une fonction définie sur J.
Supposons limxa f(x) = L et limXL g(X) = L′. Alors on a limxa g(f(x)) = L′.
On applique deux fois le critère séquentiel de la limite. Pour toute suite (un) qui tend vers a, on a limn→+∞ f(un) = L donc limn→+∞ g(f(un)) = L′. Finalement, en utilisant la réciproque du critère séquentiel, on trouve bien limxa g(f(x)) = L′.

Théorèmes

Théorème de comparaison
Soient f et g deux fonctions réelles définies sur un même voisinage à gauche ou à droite de aR telles que fg au voisinage de a.
  • Si limxa f(x) = +∞ alors limxa g(x) = +∞.
  • Si limxa g(x) = −∞ alors limxa f(x) = −∞.
Théorème d’encadrement ou théorème des gendarmes
Soient f, g, h trois fonctions réelles définies sur un même voisinage à gauche ou à droite de aR telles que limxa f(x) = limxa h(x) et telles que fgh au voisinage de a. Alors la fonction g tend vers la même limite que f et h en a.
On applique le critère séquentiel à l’aide des théorèmes sur les limites de suites.

Par exemple, dans le premier cas du théorème de comparaison, si limxa f(x) = +∞ alors pour toute suite (un) telle que limn→+∞ un = a on a limn→+∞ f(un) = +∞ et pour tout nN, f(un) ≤ g(un) donc limn→+∞ g(un) = +∞.
Finalement, on obtient limxa g(x) = +∞.

Théorème des limites d’une fonction monotone
Soit (a, b) ∈ R2 tel que a < b. Soit f une fonction définie sur ]a, b[.
  • Supposons f croissante.
    • Si f est minorée alors limxa f(x) = inf]a, b[ f, sinon limxa f(x) = −∞.
    • Si f est majorée alors limxb f(x) = sup]a, b[ f, sinon limxb f(x) = +∞.
  • Supposons f décroissante.
    • Si f est minorée alors limxb f(x) = inf]a, b[ f, sinon limxb f(x) = −∞.
    • Si f est majorée alors limxa f(x) = sup]a, b[ f, sinon limxa f(x) = +∞.
On calcule la limite en a dans le cas où la fonction est croissante. Les autres cas se démontrent de manière analogue.

Supposons d’abord que f est minorée. On note L = inf]a, b[ f. Soit εR∗+. Il existe x0 ∈ ]a, b[ tel que f(x0) ≤ L + ε et pour tout x ∈ ]a, x0[ on a Lf(x) ≤ f(x0) ≤ L + ε. Finalement, la fonction f tend bien vers L en a.

Supposons maintenant que f n’est pas minorée. Soit mR. Il existe x0 ∈ ]a, b[ tel que f(x0) ≤ m et pour tout x ∈ ]a, x0[ on a f(x) ≤ f(x0) ≤ m. Finalement, la fonction f tend bien vers −∞ en a.

Limites à gauche et à droite pour une fonction monotone
Soit f une fonction définie et croissante (resp. décroissante) sur un intervalle réel I. Pour tout (a, b) ∈ I2 tel que a < b on a f(a) ≤ limxa, x > a f(x) ≤ limxb, x < b f(x) ≤ f(b) (resp. f(a) ≥ limxa, x > a f(x) ≥ limxb, x < b f(x) ≥ f(b)).
On démontre les inégalités dans le cas où la fonction est croissante.

La fonction f est minorée par f(a) et majorée par f(b) sur l’intervalle ]a, b[ donc on a f(a) ≤ inf]a, b[ fsup]a, b[ ff(b) et le théorème précédent permet de conclure.

Asymptotes et branches paraboliques

Soit aR et f une fonction définie au voisinage à droite ou à gauche de a.
On dit que la courbe représentative de f admet une asymptote verticale d’équation x = a si f admet une limite infinie à gauche ou à droite en a.

Les valeurs interdites pour une expression donnent souvent lieu à une asymptote verticale, mais pas systématiquement, et notamment pas dans le cas d'un accroissement fini de fonction dérivable.

Soit f une fonction définie au voisinage de +∞ (resp. −∞). Soit (a, b, c) ∈ R3.

On dit que la courbe représentative de f admet une asymptote horizontale d’équation y = c en +∞ (resp. −∞) si on a limx→+∞ f(x) = c (resp. limx→−∞ f(x) = c).

On dit que la courbe représentative de f admet une asymptote oblique d’équation y = ax + b en +∞ (resp. −∞) si on a limx→+∞ f(x) − (ax + b) = 0 (resp. limx→−∞ f(x) − (ax + b) = 0).

Si f admet une asymptote oblique d’équation y = ax + b en +∞ (resp. en −∞) alors on a limx→+∞ f(x)/x = a (resp. limx→−∞ f(x)/x = a).

Supposons que f admette une asymptote oblique d’équation y = ax + ben +∞. Alors on trouve limx→+∞ f(x) − (ax + b)/x = 0 or limx→+∞ b/x = 0 donc limx→+∞ f(x)/xa = 0.

Le cas de l’asymptote oblique en −∞ se traite de manière analogue.

Soit f une fonction définie au voisinage de +∞ (resp. −∞).

On dit que la courbe de f admet une branche parabolique verticale en +∞ (resp. en −∞) si le quotient f(x)/x tend vers l'infini en +∞ (resp. en −∞). La branche est dit dirigée vers le haut si cette limite est +∞, dirigée vers le bas dans le cas contraire.

Soit aR. On dit que la courbe de f admet une branche parabolique de direction y = ax en +∞ (resp. en −∞) si le quotient f(x)/x tend vers a en +∞ (resp. en −∞) mais que la différence f(x) − ax tend vers l'infini.