Revue culturelle d’

Mélissa me demandait l’autre jour quel était mon musée préféré à Paris. J’ai toujours du mal à indiquer un premier choix, car j’aime la diversité, et si je peux assumer des préférences, elles sont rarement exclusives. Profitons-en pour citer quelques musées que j’ai particulièrement appréciés, à Paris ou ailleurs.

Au Louvres, je recommande l’entrée de la Porte des Lions, peu fréquentée et qui donne directement sur la surprenante collection des arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. C’est une bonne introduction au Musée du Quai Branly, dont l’architecture enveloppante met bien en valeurs des œuvres magnifiques des cinq continents. J’ai régulièrement profité aussi de l’antenne lensoise du Louvres, avec son ingénieuse galerie du temps.

Parmi les autres musées d’envergure internationale, je me souviens des tableaux de Friedrich et Kandinsky au Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, des statues imposantes et de la pierre de Rosette au British Museum à Londres, de la monumentale sculpture tissée de Vasconcelos qui innervait le Musée Guggenheim de Bilbao.

L’art moderne ou contemporain ne m’émeut pas souvent, c’est dire le mérite que j’accorde au LaM de Villeneuve d’Ascq avec sa collection d’art brut, et à la Tate Modern de Londres avec son superbe panorama sur la Tamise et la City.

Sur des sujets plus spécifiques, je garde un très bon souvenir des marquetteries d’Émile Gallé au Musée de l’École de Nancy, des portraits au Musée Van Gogh d’Amsterdam, du Musée des instruments de musique de Bruxelles, des statues extérieures de Miró à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, des chefs-d’œuvre du Musée du compagnonnage de Tours, des tapisseries du Musée Jean-Lurçat à Angers, de l’observation minutieuse des Corot de la National Gallery à Londres, de l’aménagement de la Piscine de Roubaix, des primitifs flamands au Musée Groeninge de Bruges, des expositions Open Museum au Palais des Beaux-Arts de Lille, des trésors écrits à la British Library de Londres, des reconstitutions d’intérieur à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, du Livre de Kells au Trinity College de Dublin, de la frise Beethoven de Klimt au Palais de la Sécession de Vienne, des extraordinaires mosaïques du Musée archéologique de Naples ou encore de l’ambiance tamisée par les moucharabiehs de l’Institut du Monde arabe. J’y étais allé à l’occasion d’une exposition temporaire il y a quelques années déjà, sur la science arabe si je me souviens bien.

Côté sciences justement, j’ai un gros coup de cœur pour le Palais de la découverte, dont les animations rivalisent d’intelligence pédagogique et du plaisir de transmettre. Je mettrais juste après le Parque de las Ciencias de Grenade, avec sa présentation très efficace et son exposition mémorable sur les tyrannosaures au début des années 2010.

Sorties

À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, nous avons enfin visité la Musée de l’Œuvre Notre-Dame, associé à la Fondation en charge de la construction puis de l’entretien de la cathédrale de Strasbourg depuis le XIIIe siècle. Comme au musée de Cluny, on trouve là à la fois un fonds assez riche et son intégration dans un lieu d’histoire, sur plusieurs étages.

Dans la foulée, le Palais Rohan proposait des coups de projecteur sur quelques pièces, en l’occurrence des pièces en os que l’on interprète comme des patins à glace, par leur taille et les marques d’usure qui correspondent à ce que montre l’archéologie expérimentale. Le même bâtiment abrite un musée des arts décoratifs dont nous avions déjà parcouru les salles il y a deux ans.

Les chaleurs de cet automne nous ont laissé rouler sur les pistes cyclables du Canal de la Bruche jalonné par plusieurs anciennes écluses à l’ouest de Strasbourg.

Littérature

Roman

C’est dans une boite à livres d’un supermarché de Cornouailles que j’ai récupéré The End of the World Running Club, où un père de famille en condition physique défavorable va traverser le Royaume uni (ou ce qu’il en reste après un déluge de météores) en courant pour retrouver femme et enfants. C’est une lecture d’été pas trop compliquée.

Théâtre

L’Atelier d’écriture de David Lodge rassemble quelques auteurs et des écrivains amateurs pour quelques jours dans une auberge de campagne. Les dialogues sont incisifs avec ce détachement très britannique qui m’amuse beaucoup. Dans l’exemplaire que je lisais, la pièce était suivie par des remarques très intéressantes sur le choix de la distribution de création et sur les modifications du texte apportées par ces comédiens.

Denis Kelly apparait lui-même comme destinataire de lettres dans sa pièce Occupe-toi du bébé. On y suit une famille dont la mère est élue politique et la fille est jugée pour infanticide. La violence des rapports humains questionne sur le rapport à la réalité dans la représentation théâtrale.

L’Ouroboros de Michel Rio met en scène l’Orateur, un vieil homme qui se remémore sa vie, et le Chercheur, qui remet en cause sa vision (et cherche un baleine).

Bande dessinée et récits graphiques

La Couleur des choses (Martin Panchaud) est une œuvre intégrant les codes de la visualisation de données. Chaque personnage est représenté par un cercle coloré associé à son identité ou sa fonction. J’aime beaucoup le parti pris graphique, mais cette mise à distance n’estompe pas le propos qui peut être un peu violent.

Le titre de BL Métamorphose n’a rien à voir avec la classe préparatoire dans laquelle j’ai enseigné pendant 8 ans. Il s’agit des initiales de Boys Love, un genre de manga dans lequel une grand-mère plonge un peu par hasard. De là nait une amitié avec une jeune fille un peu paumée qui va prendre progressivement confiance en elle. Le dessin de Kaori Tsurutani est très léger et se différencie pour reproduire le manga dans le manga. L’histoire est bien sympathique.

Lewis Trondheim réitère une nouvelle aventure de Lapinot sans parole avec 31 juillet. J’aime la tendresse avec laquelle l’auteur fait évoluer ses personnages.

On ne compte plus les ouvrages de vulgarisation des disciplines académiques en bande dessinée, or le troisième tome de Philocomix : Métro, boulot, cogito sort un peu du lot. Jean-Philippe Thivet, Jérôme Vermer et M. la Mine y abordent la notion de travail à travers plusieurs penseurs et penseuses de l’Antiquité à nos jours.

Élodie Durand raconte dans La Parenthèse l’abîme qu’a constitué son trouble épileptique pendant quelques années, mieux soigné depuis mais laissant dans son histoire personnelle et celle de ses proches un hiatus douloureux.