Revue culturelle de janvier 2022

Films

Galaxy Quest (Dean Parisot) est un film de science-fiction de la fin des années 90, assez parodique mais qui reprend les mêmes codes que les séries fantastiques ici mises en abyme. Pour résumer, les acteurs d’une série de SF un peu sur le retour se retrouvent missionnés par de vrais extraterrestres dans des vaisseaux spatiaux reproduisant les décors de studio. Merci à David Madore pour sa recommandation, qui nous aura fait passer un bon moment, même si je placerais bien d’autres films plus haut dans la catégorie « le plus génial de tous les temps ».

Nous avons aussi revu Germinal, l’adaptation du roman de Zola par Claude Berri en 1993. La mise en scène sobre mais efficace donne du corps à ce contexte social, industriel et historique des mines de charbon du nord de la France.

Your Name. (avec un point ?) est un beau film d’animation fantastique de Makoto Shinkai dans lequel un jeune garçon et une jeune fille se retrouvent involontairement à échanger leur corps d’un jour à l’autre, mais ils vivent cette expérience comme un rêve dont le souvenir se dissipe plus ou moins le lendemain. Ils tenteront de se retrouver malgré l’oubli de l’identité de l’autre.

Littérature

Roman

Dans le roman de science-fiction Axis (la suite de Spin de Robert Charles Wilson), les protagonistes sont aux prises avec une mystérieuse poussière qui pourrait être un résidu des fameux Hypothétiques. La réflexion sur le traitement de longévité me rappelle la trilogie Mars de Kim Stanley Robinson, tandis que l’étrangeté des avatars extraterrestres m’évoque la quadrilogie Rama d’Arthur C. Clarke.

Théâtre

La pièce de théâtre Incendies de Wajdi Mouawad poursuit un cycle entamé avec Littoral (que je n’ai pas encore lu). À la mort de leur mère, deux jumeaux doivent faire la lumière sur son passé. Comme dans le roman Lignes de failles de Nancy Houston, au fur et à mesure que le récit avance, se révèle un drame familial inséré dans un contexte historique vicié.

Bande dessinée et récits graphiques

J’ai beaucoup aimé La Bibliomule de Cordoue de Wilfrid Lupano, joliment dessinée par Léonard Chemineau. Un eunuque, une jeune femme et un voleur tentent de sauver les livres d’une bibliothèque qu’un vizir obscurantiste veut mettre au feu. Cette belle histoire se termine sur l’interrogation actuelle : qui confisque le savoir aujourd’hui ?

David Vandermeulen et Daniel Casanave nous présentent Sapiens d’après l’œuvre de l’historien Yuval Noah Harari A Brief History of Humankind. Je me suis un peu interrogé sur la scientificité des affirmations. Comment présumer de l’interfertilité de Homo sapiens et Homo floresiensis ? Peut-on vraiment montrer que Neandertal n’a pas fait de révolution cognitive ? Et je ne suis pas du tout sûr que la théorie de l’interfécondation entre Neandertal et Sapiens serve plus le racisme qu’une théorie du remplacement de l’un par l’autre. Cependant, l’aveu d’incertitude qui est souligné tout au long de la deuxième moitié me met paradoxalement plutôt en confiance. En tout cas, cette belle histoire est bien illustrée et donne envie de lire la suite.

C’est dans les petits détails concrets que l’on apprécie la patte de Boulet comme scénariste. Dans Bolchoi Arena (dessiné par Aseyn), une jeune fille s’immerge dans la réalité virtuelle d’une conquête du système solaire. Les enjeux de pouvoir entre particuliers et grands groupe se tendent au dessus du jeu des avatars et du contournement des lois de la physique. Le deuxième tome pose en plus la question de l’intelligence artificielle.

L’œuvre d’Andreas est assez singulière dans son traitement graphique, avec un scénario à tiroirs qui laisse toujours des échos inattendus d’une série à l’autre. J’ai relu avec plaisir l’intégrale de Rork, dont le personnage principal vient au secours de personnes aux prises avec le surnaturel, croisant au passage Raffington et Capricorne.

J’avais d’abord découvert la bande dessinée Un Monde en pièces (de Gaspard et Ulysse Gry) sur Slate, avant de trouver la version papier (à laquelle manquent ces animations GIF assez réussies pour des effets de lumière ou la pluie, mais ce n’est quand même pas l’essentiel de l’œuvre). Dans cette transposition du monde contemporain sur un pays-échiquier, la population est essentiellement constituée de pions, tandis que les cavaliers font la police contre des fous qui refusent de marcher droit, et des tours circulent aux portes du pouvoir. On se régale avec l’histoire policière des deux premiers tomes. Le troisième envoie une fugitive du jeu de dames dans le plateau du go.

Trondheim scénarise Density dessiné par Stan et Vince, avec une superhéroïne dont le pouvoir est de changer de densité, ce qui lui permet d’affronter des extraterrestres toujours plus puissants. L’ironie des personnages est bienvenue pour dépasser un peu l’effet Gros Bill.

Jeux

Skyjo est un petit jeu abstrait où l’on découvre progressivement les douze cartes posées devant soi, en les intervertissant éventuellement avec la pioche ou la défausse, pour minimiser le nombre total de ses points. Lorsqu’on obtient une colonne de trois cartes identiques, on l’élimine sous les applaudissements des autres joueurs. Sympa !

Beyond the Sun est un jeu d’exploration spatiale dans lequel les concurrents développent des technologies pour coloniser de nouvelles planètes. L’allure de la partie semble dépendre assez nettement des choix de développement, ce qui laisse présager une bonne rejouabilité.

Les boites de Time’s Up sont régulièrement mises à jour. Maintenant, à côté des sportifs et des actrices, il faut aussi repérer les vidéastes sur Internet. On aime toujours autant jouer à apprendre comment décrire Ben Hur ou mimer un plateau de fromage.