Quand le confinement fut annoncé, j’étais à l’internat, je parlais avec mes copines et une d’elle est venue m’annoncer, contente, que les cours allaient être suspendus pour environ 2 semaines. Affolée j’ai appelé ma mère, elle était devant la télé, écoutant le discours d’une oreille et moi totalement apeurée de ce qu’il allait ce passer de l’autre, faisant ma valise en même temps je pris soin de prendre toutes mes affaires que ce soit scolaires ou mes vêtements.
Le vendredi tous nos professeurs nous ont expliqué comment on allait garder tous contact durant le confinement pour ne pas être en retard dans le programme.
Après cette journée finie je suis allée à la gare pour passer le week-end avec maman ainsi que le lundi. Le mardi j’ai passé toute ma journée dans une voiture puis dans une autre pour aller chez mon papa, pour maman j’étais plus protégée chez papa en campagne que toute seule enfermée dans l’appartement en pleine ville, et puis maman travaillait, elle était plus rassurée de me savoir chez papa avec les chèvres et loin de tout ça.
De plus je pourrai sortir sans croiser énormément de monde, je ferai mes devoirs consciencieusement, je cuisinerai, je profiterai de mon petit frère mais aussi de mon papa et de ma belle-mère.
Aujourd’hui nous sommes jeudi 26 mars, cela fait donc 9 jours que je suis chez papa, on a passé le printemps aussi vendredi 20 mars, le début du printemps est ensoleillé, on dirait qu’il fait beau si on regarde dehors en restant dedans alors qu’il fait froid, on voit passer les papillons, on entend différents cris d’oiseaux, les poules qui cocottent, le coq qui chante longtemps et qui me réveille chaque matin ainsi que les chèvres qui bêlent.
On dirait vraiment qu’il y a aucun souci vu comme ça non ?
Le problème est que c’est un paysage trop parfait… une description d’un début de printemps parfait… Soleil… sans pluie… rien qui cloche à part… à part ce virus… ce virus qui est dans le monde depuis fin décembre… qui fait beaucoup de personne apeurées dont moi… c’est vrai… on peut pas sortir tranquillement en ville… on peut pas aller faire les courses en famille… sortir en voiture… aller passer une journée dans Lille entre filles… tellement de choses qu’on pourrait faire en ce début de printemps… et pourtant non on doit rester à la maison… On peut même plus aller se balader à plus d’un kilomètre de la maison. J’espère en tout cas que ce n’est qu’un moment… que… le temps n’est arrêté qu’un moment… c’est vrai… pendant ce confinement le temps est comme suspendu en quelque sorte car il nous stoppe à quelques mouvements on est plus aussi libre, on a des limites mais…
Au final je suis bien ici, évidemment que ma maman me manque mais plus les jours passent et plus je m’habitue, de toute manière en étant interne je ne la voyais pas plus que ça… je veux juste que tout ça s’arrête… pas pour partir très vite de chez papa… mais pour juste téléphoner à chaque membre de ma famille ou mes amis et m’assurer que tout mon entourage ira bien, qu’on ira tous très bien et que ce virus ne nous aura pas séparés ni divisés mais qu’au contraire cette épreuve nous aura renforcés.