Revue culturelle de février 2022

J’ai toujours en tête les génériques des dessins animés en séries télévisées de mon enfance. À la lecture de Geek me reviennent Les Cités d’or, Ulysse 31, Goldorak, Dragon Ball, Les Chevaliers du Zodiaque, Gigi, Tom Sawyer, Olive et Tom, Cat’s Eyes, Jeanne et Serge, Tortues Ninja et j’en oublie sûrement. Force est de constater que toutes ces séries d’animation sont japonaises au moins partiellement (Les Cités d’or était coproduit par Antenne 2 et RTL) mais qu’elles font partie de notre culture, même si elles n’ont pas (encore ?) le statut de culture légitime. Bien sûr il y avait aussi Téléchat, mais ce n’est pas un dessin animé. J’omets aussi les films d’animation de Disney (Robin des bois, Les Aristochats, Merlin l’enchanteur, Le Livre de la jungle…) et des studios français (Les Douze Travaux d’Astérix et Astérix et Cléopâtre). Il m’a fallu un moment avant de repenser aux séries des Schtroumpfs (américano-belge), de Tintin (franco-canadienne), mais surtout Il était une fois… la Vie (française) ainsi que les très courts épisodes de la La Linea (italienne) et de Cocoshaker (bien française malgré son titre).

Mais trève de nostalgie. Ce mois-ci, j’ai pu assister à une demi-douzaine de spectacles, j’ai lu quelques BD et j’ai surtout découvert pas mal de jeux (plus ou moins nouveaux).

Spectacles

L’Opéra national du Rhin nous propose une interprétation sympathique L’Enfant et les Sortilèges, de Ravel et Colette. La mise en scène d’Émilie Capliez transpose intelligemment l’action dans les coulisses d’un spectacle, plutôt que de recréer une chambre sur scène qui ne correspondrait pas au vécu du jeune public. De fait, l’écoute était d’assez bonne qualité. J’ai regretté cependant le manque d’intelligibilité : pas de surtitrage malgré une prononciation assez inégale d’un chanteur à l’autre, en particulier chez ceux qui portaient le masque sanitaire, des costumes plutôt inventifs (un traversin plié représentait la queue de l’écureuil) mais peu lisibles pour qui ne connait pas la liste des personnages.

Nous avons beaucoup apprécié Les Oiseaux de Walter Braunfels, adaptation de 1920 d’une comédie d’Aristophane. Deux hommes vont au royaume des oiseaux ; l’un y incite le roi Huppe à se rebeller contre les dieux (ce qui aura de l’effet jusqu’à ce que Zeus vienne remettre de l’ordre), tandis que l’autre repartira transformé par sa rencontre avec le Rossignol. Le décor de bureaux était un peu froid, mais la mise en scène très vivante avec des danses et une belle interprétation du chant.

Le Théâtre national de Strasbourg nous a proposé une représentation très réussie du Dragon d’Evgueni Schwartz, mis en scène par Thomas Jolly, avec pas mal d’effets visuels et sonores mais plutôt à bon escient. Cette dénonciation du totalitarisme qui transcende le contexte historique de son écriture garde toute sa puissance avec un jeu d’acteurs très bien mené, de l’humour, ce qui ne gâche rien.

Merci à Gabriel qui m’a conseillé Et y a rien de plus à dire au TAPS Laiterie. Ce monologue de Thierry Simon, bien interprété par Joséphine Hazard, nous montre une jeune fille en centre d’éducation après quelques évènements tragiques. La déclaration en forme de fin de non-recevoir n’empêche pas les possibles, ni les désirs.

Également au TAPS (Scala), l’Oblique compagnie joue The Lulu Projekt, de Magali Mougel, mise en scène par Cécile Arthus. Un jeune homme en déroute y rêve de devenir cosmonaute par la voie ouvrière. J’ai apprécié les choix scénographiques et le traitement de la musique, y compris dans le rythme des mouvements de la chaine d’emballage.

Bande dessinée et récits graphiques

La série Zombillenium a sorti un cinquième opus l’année dernière. J’aime toujours autant le dessin très lisse d’Arthur Des Pins et l’ironie de ces créatures damnées dans un autre enfer du Nord.

Le dessin de la couverture avait attiré mon regard ; dans Le Département des théories fumeuses, Tom Gauld croque des situations loufoques autour du monde de la science dure et des scientifiques. Il y a quelques références britanniques que je n’ai pas cernées, mais dans l’ensemble j’ai plutôt apprécié.

Jeux

Ce mois de février, nous avons passé une semaine avec des amis et un bon stock de jeux de société. C’était l’occasion aussi pour découvrir de nouveaux jeux.

Parks est clairement mon coup de cœur (merci Érika !) : des dessins magnifiques (une quarantaine d’illustrateurs ont contribué à créer les cartes), une mécanique facile à mettre en place mais qui permet un peu de stratégie, permettant de parcourir la richesse des parcs naturels américains.

C’est sur le blog de Claire Lommé que j’en avais entendu parler pour la première fois, et comme Denis (merci à lui) en avait apporté un, j’ai pu tester Turing Tumble. C’est une sorte d’ordinateur mécanique qui fonctionne avec des billes. C’est ingénieux, ludique, progressif et assez puissant, puisqu’avec quelques dizaines de pièces on peut construire un compteur en binaire, un inverseur, copier une position…

Dans Micro Macro Crime City, on peut mener des enquêtes policières sur une très grande feuille de papier dessinée. Les protagonistes sont représentés à plusieurs moments de leur histoire en des endroits différents sur cette carte de ville avec parcs, port, cimetière… Les instructions sont lisibles sur des petites cartes, mais on peut aussi jouer sans indices à comprendre les antécédents de ces nombreux crimes.

Thomas Lehmann (auteur des excellents Race for the Galaxy et Res Arcana), a aussi créé The City, un petit jeu de cartes où l’on pose successivement des bâtiments et infrastructures de sa main devant soi, le plateau permettant de récupérer de nouvelles cartes et des points comptés immédiatement et jusqu’à la fin de la partie. Une dizaine de tours suffit pour atteindre les 50 points. Le graphisme est assez sommaire, mais la dynamique est efficace pour une partie de quelques minutes.

Scroubabble est un jeu de l’Ouvroir de Bande dessinée Potentielle édité par l’Association, dans lequel les pièces représentent des cases de bandes dessinées qui peuvent être placées sur un plateau quadrillé pour former des histoires qui se croisent verticalement ou horizontalement. Amusant.

J’ai eu plus de mal à rentrer dans Root, un jeu de stratégie asymétrique avec des graphismes colorés assez travaillés, mais dans lequel les rôles semblent un peu trop fixés selon les factions. J’aurais peut-être pu réessayer plus longtemps, mais la mise en place est déjà technique, à réserver aux joueurs expérimentés (et qui ont assez de temps).