Revue culturelle de

Suite à une annonce sur la matinale de France Inter, j’ai voulu essayer de participer à Advent of Code, un jeu d’énigmes quotidiennes du 1er au 25 décembre à résoudre avec le langage de programmation de son choix. Les données sont fournies dans un fichier texte et la réponse est un nombre entier (pouvant avoir une quinzaine de chiffres). Les problèmes étaient intéressants, mais je suis resté bloqué au 14e jour, avec un programme fonctionnel mais trop lent pour répondre dans la journée.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient s’initier à la programmation, je recommande d’abord Scratch, qui permet de composer des programmes à l’aide de blocs à déplacer, prévenant les erreurs de syntaxe grâce à un système d’encoches géométriques différenciées, et avec un résultat visuel immédiat. On retrouve ce principe dans les Blockly Games, qui implémentent au passage la tortue Logo que j’avais expérimentée dans les années 1980 (mais sous le nom Dialogue avec une sauterelle). J’étais intervenu quelques journées en école primaire pour accompagner les élèves en programmation, et l’encadrant avait choisi les plateformes payantes Kodable et Lightbot. Mais il y a déjà bien assez à faire avec les outils gratuits.

Dans le cadre de la Coupe de robotique des écoles primaires, j’ai aussi aidé les élèves à programmer le robot Lego Mindstorms, dont la gamme a malheureusement pris fin l’année dernière. Il va être difficile de trouver un successeur aussi polyvalent dans sa structure, avec de nombreux capteurs et moteurs, et programmable aussi bien dans l’interface du fabricant que dans un dérivé du C.

En parallèle, on peut avancer dans l’acquisition des concepts avec le concours Castor informatique dès le niveau CM1. L’interface est très bien construite, fluide et pédagogique, et permet à tous de refaire autant de fois qu’on le souhaite les épreuves des années passées. Les élèves peuvent participer au concours proprement dit (au cours de l’automne) dès lors qu’un responsable de leur établissement accepte d’encadrer une session. Ce Castor est soutenu par l’association France IOI qui encadre également le support d’apprentissage Algorea, les Olympiades d’informatique et le concours Alkindi en cryptographie.

Lorsque l’on commence à se sentir un peu à l’étroit dans ces systèmes de blocs, pour rechercher une plus grande vitesse d’exécution, pour mieux structurer un projet ou pour choisir une approche plus souple de l’écriture, je conseille de passer au langage Python. J’avais moi-même préparé un petit tutoriel sur ce site, mais quand on ne sait pas trop par quoi commencer, les énigmes du Project Euler sont relativement accessibles au niveau lycée (on peut s’inscrire pour vérifier ses réponses, mais toutes les questions sont librement accessibles dans les archives). J’avais bien aimé aussi le principe de Code Combat dans lequel on ne se contente pas d’appuyer frénétiquement sur des commandes pour dézinguer un ennemi, mais on écrit posément un programme qui décidera des actions du personnage en situation.

Pour aller plus loin dans les défis de programmation, on peut s’attaquer à l’excellent Python Challenge, dont les énoncés ne sont pas explicites mais reposent sur une image à interpréter avant codage. D’autres ressources peuvent être trouvées sur Geek Junior.

Spectacles

Je rêvais de jouer À la ligne de Joseph Pontus, que j’avais lu il y a quelques mois, et Mathieu Létuvé l’a fait. Au TAPS, dans une mise en scène sobre mais efficace (quelques plateaux de néon recombinés d’une scène à l’autre pour modifier l’espace de jeu) et un accompagnement sonore en direct de Renaud Aubin (électro et quelques répliques de texte), le comédien et metteur en scène de la compagnie Caliband Théâtre donne à voir cette lutte quotidienne du travail intérimaire en usine agroalimentaire portée par une langue magnifique.

Au Théâtre national de Strasbourg, L’Évangile de la nature reprend de façon très littérale le texte de Lucrèce du premier siècle avant notre ère. Avec une mise en scène Christophe Perton, Stanislas Nordey porte ce propos philosophique d’une étonnante modernité. Je savais que l’atomisme était déjà imaginé dans l’Antiquité, notamment par Démocrite, mais j’ignorais qu’il avait été formulé certains concepts quantiques comme la permanence des atomes face à la dégénérescence des formes macroscopiques. Plus étonnant encore, Lucrèce énonce l’universalité de la structure du système solaire, battant en brèche le géocentrisme quinze siècles avant la révolution copernicienne.

Au TNS encore, cela pourrait paraitre une idée bizarre de jouer Il Tartufo (Tartuffe) dans la langue de Dante, mais Jean Bellorini motive son choix avec une gouaille et un jeu d’acteurs ancrés dans une italie contemporaine qui font honneur à l’esprit de Molière. La traduction a préservé la rime qui maintient la langue dans une diction spécifique, mais la lecture des sous-titres est un peu ralentie par le recours au texte originel plutôt qu’à une simplification purement sémantique.

Péplum médiéval est un très réjouissant spectacle de Valérian Guillaume mis en scène par Olivier Martin-Salvan au Maillon avec une quinzaine d’autres comédiens, dont plusieurs en situation de handicap mental mais avec présence scénique remarquable. Le décor et les costumes très colorés mélangent textures contemporaines et imagerie médiévale. Le scénario enchaine des saynètes burlesques foisonnantes dans un récit cadre qui tient du conte un peu mystique. Seuls le tout début et la toute fin déparent un peu par contraste par la lenteur du récit de l’Enfant blanc.

Nous avons été en revanche un peu déçu par le ballet Chaplin de Mario Schröder à l’Opéra national du Rhin. Les images de la filmographie de l’artiste en titre sont éminemment chorégraphiques, mais en dehors de plusieurs passages qui reprennent presque conformément la gestuelle et les musiques que l’on adore (notamment la scène du barbier du Dictateur), la création musicale est souvent lourde et répétitive. Dommage, car les danseuses et danseurs sont efficaces et les costumes font autant de clins d’œil aux multiples personnages des films.

La mise en scène d’Hamlet par Catherine Umbdenstock au TAPS ne convainc pas vraiment. En dehors de certains fragments musicaux bienvenus à la harpe, en slam ou en rock, les comédiens semblent avoir du mal à tenir une langue qui n’est pas taillée pour eux.

Littérature

Théâtre

Comment je suis devenue Olivia est une très chouette pièce de Kevin Keiss, qui doit pouvoir être lue dès le collège. Elle aborde très simplement quelques problématiques adolescentes avec une langue dynamique, un propos engagé et un message positif.

Bande dessinée et récits graphiques

Les éditions Sarbacane ressortent en français Le Voyage de Shuna du maitre de l’animation Hayao Miyazaki. On retrouve des trains communs avec Nausicaä de la Vallée du Vent dans ce beau livre qui tient plus du conte illustré que de la bande dessinée.

Que de colère d’Ana-Ana dans Des heures et des jours le 15e album de Pico Bogue (Roques et Dormal). L’humour y est un peu assombri par cette tension permanente et assumée. C’est l’âge, peut-être.

Marion Montaigne nous emmène Dans la combi de Thomas Pesquet. C’est intéressant, bien documenté et assez drôle, comme toujours. Cela soulève aussi les conditions pas vraiment faciles de la vie d’astronaute, avant, pendant et après le vol spatial. Il ne s’agit pas de plaindre ces héros de la science, mais de mesurer ce que représente un tel engagement.

Nausicaa : l’autre odyssée recentre le mythe d’Ulysse autour de la princesse de Phéacie. J’ai bien aimé le traitement graphique d’Andrea Serio, sur un scénario élaboré avec Bepi Vigna.

False Knees (Joshua Barkman) donne de la voix à des animaux divers dans leur milieu naturel (y compris l’environnement urbain) avec un humour qui va du grinçant au nonsense sur des pages de quatre cases. C’est un peu inégal. Dans le même genre, j’avais préféré L’Abominable Charles Christopher de Karl Kerschl.

Le Goût d’Emma raconte la candidature puis l’embauche d’Emmanuelle Maisonneuve au Guide Michelin. Le récit, scénarisé par Julia Pavlowitch-Beck, éclaire un peu les coulisses de ces inspecteurs de l’hotellerie et la gastronomie française. Mais le traitement graphique de Kan Takahama manque un peu de parti pris à mon gout.

Fairest : les belles et la bête est un album hors série de l’univers de Fables de Bill Willingham. Le miroir magique y aide Cendrillon à mener l’enquête sur des meurtres de personnages de contes. Les chapitres sont réalisés par une vingtaine de dessinateurs différents, ce qui me plait bien mais peut être déconcertant.

Mimikaki : l’étrange volupté auriculaire (Abe Yaro) rassemble une dizaine de courtes histoires sur les clients d’une femme dont le métier consiste à nettoyer les oreilles à l’aide d’un outil en métal appelé mimikaki. J’ignorais tout de ce fantasme. Je n’accroche pas forcément au dessin mais les récits sont amusants.

La Macroéconomie est le deuxième volume de l’Économie en BD ! par Yoram Bauman et Grady Klein. Les petits personnages destinés à illustrer les concepts sous-jacents me confortent malheureusement dans une vision assez dogmatique de la discipline. J’imagine que la présentation des modèles est trop compliquée pour être vraiment abordée dans un tel ouvrage de vulgarisation. Ou pas.

Le Mâle occidental contemporain de Begaudau et Oubrerie a sans doute vocation à dénoncer un comportement plutôt qu’à le glorifier, mais on reste dans l’accumulation de préjugés et l’obsession de la séduction rapide. Bof.

Jeux

Just One est un petit jeu coopératif tout simple de mot à deviner. À chaque tour un joueur reçoit un mot indice écrit de la part de chacun des autres joueurs, mais les indices en plusieurs exemplaires sont tous éliminés. Il faut donc essayer de trouver un indice auquel les autres ne penseront pas.

Crack list est une sorte de petit bac à thèmes avec des cartes à défausser pour contraindre la première lettre et des cartes spéciales comme dans le jeu Uno. Ces dernières sont peut-être un chouïa trop nombreuses.